samedi 22 janvier 2011
PARTI SOCIALISTE - Face à DSK, Aubry gagne du terrain
"Moi, j'ai une responsabilité, c'est qu'on gagne. Je n'ai pas fait tout ce que j'ai fait depuis deux ans pour autre chose." Martine Aubry, d'excellente humeur ce mercredi 19 janvier froid et ensoleillé, esquive à merveille les questions qui concernent clairement ou de manière allusive sa possible candidature à la primaire PS, la situation de Dominique Strauss-Kahn, leur éventuelle entente... Dans le car qui la mène d'une PME innovante à une autre sur les routes légèrement vallonnées de Haute-Normandie, elle moque ce "pacte" qui serait une pure invention journalistique et se fait un malin plaisir à répéter que, sur ses intentions, elle ne dira "rien".
Soulagée d'avoir fait adopter par le PS le calendrier pour la primaire - désignation du candidat PS en octobre 2011 -, elle se tourne vers les Français en vue des cantonales de mars, car la priorité du PS, dit-elle, doit être de travailler sa crédibilité "sur les questions d'emploi, d'inégalité, d'accès aux soins". Mais Aubry n'ignore pas que, la veille, un sondage BVA pour Orange à paraître dans l'Express et France Inter l'a confortablement installée dans le fauteuil de présidentiable crédible. En cas de second tour face à Nicolas Sarkozy en 2012, elle l'emporterait avec 57 % des voix. Une large avance, loin, certes, de l'avance de qu'obtiendrait Dominique Strauss-Kahn, puisque le président du FMI serait élu avec 64 % des voix, mais une large avance tout de même.
DSK indétrônable ?
Le lendemain de la visite sur les terres de Laurent Fabius, un nouveau sondage paraît. Selon le CSA pour BFM TV/RMC et 20 Minutes, Aubry l'emporterait face à Nicolas Sarkozy (56 %-44 %) - DSK gagnerait toujours avec 64 % des voix. Mais le sondage confirme aussi que Martine Aubry reste la candidate favorite des sympathisants de gauche puisqu'elle serait devant DSK en cas de duel - hautement improbable - au second tour de la primaire (51 %-49 %). DSK arriverait, en revanche, devant François Hollande et Ségolène Royal. Mois après mois, notre baromètre Ipsos-Le Point souligne cette réalité : le patron du FMI accuse du retard dans les sondages chez les sympathisants socialistes. Mais DSK est indétrônable chez l'ensemble des Français.
Aubry, qui a récupéré le parti en 2008 dans une ambiance de guerre civile, finira-t-elle par s'imposer comme une candidate naturelle ? Elle qui met en musique le projet socialiste pour 2012 peut-elle inverser la tendance et faire tomber en douceur le patron du FMI de son piédestal sondagier ? Un de ses très proches, avec toutes les contorsions d'usage, ne l'exclut pas : "Maintenant que les choses deviennent concrètes, que nous avons un calendrier, la situation peut bouger. Il peut se passer énormément de choses entre janvier et juin. Les gens pourront avoir moins envie de quelqu'un et plus de quelqu'un d'autre."
"Le PS, ce n'est pas un bateau avec un héliport !"
Une élue amie d'Aubry l'affirme : "Il y a vraiment une appréciation du travail de Martine Aubry et de sa capacité à ne pas sauter sur les micros sans prendre le temps de la réflexion." Elle poursuit : "Beaucoup de gens que je rencontre pensent qu'elle est déjà candidate, puisqu'elle est la patronne. Et puis ils se demandent : DSK, qu'est-ce qu'il fout ? Il y a une forme d'agacement qui naît de l'attente." Les futurs électeurs de la primaire se lasseront-ils du silence du messie ? "Ce qui est sûr, c'est que Martine a les mains dans le cambouis, elle est aux commandes et dans les soutes du bateau", poursuit l'élue, qui rapporte qu'un militant à qui elle tenait ces propos a rétorqué : "Et le PS, ce n'est pas un bateau avec un héliport !"
Anecdote savoureuse : fin 2007, Jean-Christophe Cambadélis, lieutenant de DSK, confiait au Point alors qu'il était en train de mettre sur pied les reconstructeurs, alliance de proches de DSK, d'Aubry et de Laurent Fabius : "J'ai pour mission de préparer le porte-avions PS pour l'atterrissage de DSK."
"DSK est largement devant"
Quatre ans après, le vol Washington-Paris pourrait-il connaître des turbulences ? Les soutiens de DSK au PS sont convaincus du contraire. "Cela fait longtemps que deux personnalités dominent. DSK et Aubry. Mais DSK est largement devant", relève l'un d'eux qui soutient que "la situation du pays et la crise mondiale" donnent une crédibilité imbattable à la candidature du dirigeant socialiste.
"DSK creuse son sillon", déclare un autre. "Toutes enquêtes confondues, il est la seule personnalité de gauche qui arrive devant Sarkozy au premier tour, avec un score atteignant 31 %, poursuit-il. Psychologiquement, le résultat de premier tour crée une dynamique, il faut prendre les résultats de second tour avec prudence." Le message est clair.
De toute façon, par "sens des responsabilités" et pour préserver "l'intérêt général", les proches de Dominique Strauss-Kahn et de Martine Aubry, qui ont des contacts réguliers, s'accordent à vouloir respecter le calendrier. "Si on lance Aubry ou DSK trop tôt, c'est pas bon, résume un dirigeant socialiste. Aubry est toute à son travail de première secrétaire, DSK prépare le G8 (à Deauville, en mai). À partir de là, c'est silence." Un silence qui n'empêche personne de se mettre en condition.
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