TOUT EST DIT

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dimanche 23 janvier 2011

L’austérité ne suffit plus

La grave crise économique que traverse le Portugal -et qui concerne toute la zone euro- va-t-elle être doublée d’une crise politique avec pour détonateur la présidentielle d’aujourd’hui?

Assuré d’être réélu, peut-être dès le premier tour, le chef de l’État Cavaco Silva dispose de plus de pouvoirs que simplement représentatifs. Il peut, par exemple, dissoudre l’Assemblée nationale. Même si le Premier ministre socialiste José Socrates dirige le pays, le Portugal vit sous une forme de cohabitation entre le gouvernement et la présidence. Et cette cohabitation déjà houleuse pourrait devenir tempête.

En effet, devant l’apathie de l’électorat peu intéressé par la présidentielle, le conservateur Cavaco Silva, professeur d’économie réputé être le père du «miracle»(?) portugais des années 1980-1990, n’a pas ménagé ses critiques à l’adresse de «son» Premier ministre.

Socrates est ouvertement accusé de n’avoir pas réagi lorsqu’il était encore temps à la crise financière qui fait du Portugal le troisième maillon faible de la zone euro, après la Grèce et l’Irlande.

Or, après une réduction drastique des dépenses publiques en mai dernier, le deuxième plan de rigueur lancé en novembre par José Socrates le rend tout, sauf populaire: la TVA augmente de 2 points à 23% et les salaires de la fonction publique sont d’autorité ponctionnés de 5%. Pour nombre d’observateurs, cette austérité annonce d’autres mesures au moins aussi draconiennes.

Tout le Portugal a vécu à crédit sous des finances publiques plombées (une dette extérieure de 143 milliards fin 2010 ou 83,3% du PIB) auxquelles s’ajoutent les dettes des ménages et des entreprises dépassant les 100% du PIB... Tout cela sous une croissance molle, en moyenne de 0,3% ces dix dernières années, donnant peu confiance à la Finance mondiale.

Quant à 2011, avec la baisse du pouvoir d’achat découlant de l’austérité, ce sera forcément une année de récession...

Mais Lisbonne ne veut ni tomber sous la coupe de Bruxelles ni sous celle du Fonds monétaire international. Le Portugal continue à emprunter. Le gouvernement est fier d’avoir su placer le 12 janvier des obligations d’État à hauteur de 1,25 milliard d’euros... Oui mais avec un taux d’intérêt de 7%! A titre de comparaison, le rendement des emprunts d’État allemands sur dix ans se chiffre à 2,2%, ceux de la France à environ 3%. Une disparité qui, une fois de plus, met l’accent sur les failles de l’euro, faute d’une vraie politique monétaire unique correspondant à la monnaie unique.

L’opération du 12 janvier, déjà fort coûteuse, ne peut être renouvelée. Ou le Portugal se serrera la ceinture de quelques crans supplémentaires, ce qui semble impossible, ou -toute fierté ravalée- il s’adressera au Fonds d’intervention européen. Resterait aussi l’appel à la Chine ou au grand cousin lusophone qu’est le Brésil... sous forme d’une retentissante gifle à l’Europe.

La crise portugaise est loin d’être terminée.


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