Michel Rocard (PS) a co présidé avec Alain Juppé (UMP) la commission sur le grand emprunt. Les deux anciens premiers ministres poursuivent leur dialogue dans un livre d'entretiens conduits par Bernard Guetta intitulé La Politique telle qu'elle meurt de ne pas être (JC Lattès, 18 €). Où l'on découvre que sur la plupart des grands sujets de 2012, la réforme fiscale, les retraites, le financement de la dépendance, la régulation mondiale, les deux hommes affichent une troublante proximité. Dans un entretien au Monde, Michel Rocard s'explique. Extraits.
Michel Rocard : Alain Juppé n'a jamais succombé à la vision sommaire développée par Milton Friedmann selon laquelle le marché s'autorégule, on n'a plus besoin de l'Etat. Cette doctrine folle a imprégné une bonne partie de la droite mondiale, produit 14 prix Nobel d'économie et nous a menés tout droit à la crise dans laquelle le monde se débat aujourd'hui. Nicolas Sarkozy a un peu succombé au mirage pendant la campagne de 2007 , lorsqu'il a proposé , pour développer l'accès à la propriété, d'introduire en France les prêts hypothécaires qui allaient ruiner l'Amérique. Mais il s'est vite ressaisi. Alain Juppé, lui, n'a jamais versé dans ce type d'excès. C'est un gaulliste social et, à ce titre, il est bougrement colbertiste.
Faut- il l'union sacrée pour sortir de la crise ?
Non car les compromis ne valent que quand les bases sont solides. Or aujourd'hui tout le monde navigue à vue. L'humanité vit un drame épouvantable qui est le cumul d'au moins quatre crises simultanées : le réchauffement climatique, le drame bancaire et financier, la précarité permanente aggravée par un chômage permanent et l'incertitude sur la stabilité de l'institution mondiale. Un peu partout on voit naître la fragmentation identitaire et le terrorisme. C'est un cocktail explosif et personne n'a encore trouvé la solution.
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