dimanche 23 janvier 2011
Génération oubliée
Jadis, tout était politique. Pour la génération du baby-boom, l’engagement de la jeunesse semblait aller de soi. Quelques décennies plus tard, retour de balancier : les jeunes semblent tenir, sinon l’implication dans les débats de société, au moins les formes classiques de militantisme, à très grande distance. Sont-ils d’ailleurs si différents de la moyenne des Français ou de leurs semblables dans d’autres pays européens ? Sans doute pas.
Être jeune aujourd’hui en faisant le choix de s’engager dans un parti politique semble même à contre-courant, d’autant que ces mêmes partis travaillent essentiellement à conserver l’ordre existant. En France, mais aussi ailleurs dans l’Union européenne, l’organisation économique et sociale s’est essentiellement construite, décennies après décennies, avec et au bénéfice des seniors d’aujourd’hui, nés dans les années 1940-1950. Et rien n’indique une inversion de la tendance. Les jeunes seront donc, pour longtemps encore, touchés au premier chef par la précarité, la bulle immobilière, les déficits budgétaires… Quelles voix s’élèvent pour protester ? Où les entend-on ? Seule, la jeunesse elle-même, en entrant dans le débat, d’abord en votant plus, peut espérer combattre la dérive des réponses à court terme. Mais le fera-t-elle ? La laissera-t-on faire ?
Le monde politique reflète assez bien l’état de la société. Notre Assemblée nationale (ne parlons même pas du Sénat) est un refuge de beaucoup d’hommes et de quelques femmes d’expérience, souvent élus et réélus. Conséquence mécanique : une nette majorité de ses membres a plus de 55 ans. Ces parlementaires portent ainsi, au moins collectivement, et avec l’assentiment de leurs électeurs, une vision du monde où la compréhension des générations à venir n’est pas centrale. Qui d’autres que des jeunes, investis en politique, réclamant tout leur espace, – dans le débat et le partage des places – pourraient inverser la tendance ? Des indices existent d’une implication plus forte et c’est bon signe.
Au moment où, en Europe, on s’inquiète à juste titre du sort fait à la jeunesse du Maghreb, où l’on célèbre à grand bruit la révolution de jasmin en Tunisie où elle a joué un si grand rôle, rien n’interdit d’élargir le débat. Comparaison n’est pas raison. Mais quel rôle pour les jeunes en France ?
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