TOUT EST DIT

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lundi 11 octobre 2010

Une partie très serrée




En 2007, Nicolas Sarkozy voulait conserver l'âge de la retraite à 60 ans et les socialistes maintenir la durée de cotisation. Trois ans et une crise plus tard, tout le monde admet ¯ nos voisins bien avant nous ¯ qu'il faut réformer d'urgence si l'on veut sauver le système et la crédibilité internationale de la France.


Cette nécessité semblant très partagée dans son principe, le gouvernement a considéré que la réforme l'était aussi dans son contenu. Il n'a pas prévu qu'elle serait un révélateur d'inégalités salariales que, par ailleurs, elle n'est pas là pour corriger. Les syndicats se sont davantage sentis les greffiers d'un acte social que les partenaires d'une négociation.


Devant la menace d'un conflit majeur et d'un échec ruineux pour le pays, l'Élysée et le Sénat ont lancé une opération déminage à travers quelques concessions, à forte charge symbolique, en direction des femmes et des handicapés. Ils tentent, par ailleurs, de prendre la rue de vitesse en bétonnant au plus vite les piliers de la réforme.


Mais il y a autant de probabilités que ces manoeuvres, révélatrices d'une fébrilité au sommet, stimulent la contestation, avec tous les dangers d'une radicalisation, qu'elles ne la désamorcent.


La gauche sénatoriale le sait bien : elle tente de gagner du temps dans l'espoir d'une montée de la contestation avant la fin des débats. Les centristes eux-mêmes, ravis de leur nouveau statut d'arbitre, continuent d'exiger des améliorations. Ils souhaitent aller plus loin sur la pénibilité et obtenir une transition plus douce dans le passage de 65 à 67 ans. Surtout, ils voudraient arracher le principe d'une retraite par points.


À vouloir ¯ à devoir ¯ aller vite, le gouvernement a, en effet, raté l'occasion de mener la vraie réforme, celle qui unifierait les vingt et un régimes de base. Qui faciliterait la convergence public-privé. Qui offrirait à chacun une visibilité permanente sur son compteur individuel. Qui intégrerait la pénibilité durant la carrière et non, en fin de course, par un taux couperet d'invalidité. Qui permettrait des parcours de vie plus souples...


Ce système par répartition et par points, universel et personnalisé, défendu principalement par les centristes, reste, pour l'instant, au fond du tiroir.


En attendant, le Sénat joue une partie très serrée, pour l'avenir de la réforme et pour celui de la majorité. Contrairement au président de l'Assemblée, celui du palais du Luxembourg prend le temps nécessaire pour déjouer tout procès en censure. Sans contrarier la résorption des déficits, il se réserve quelques amendements pour tenir compte de la mobilisation, surtout si les jeunes s'y mettent. Dans une assemblée où l'UMP n'est pas majoritaire à elle seule, il évite d'être mis en minorité sur telle disposition et de lâcher ainsi un signal inespéré pour l'opposition.


Le projet, in fine, sera voté. Le CPE de Dominique de Villepin aussi l'avait été, avant d'être abandonné sous la pression de la rue. Il y a probablement quelque gloire à franchir sous la mitraille le pont qui surplombe le tumulte social. Mais il y a aussi beaucoup de risques. Il y aurait autant de dangers pour les syndicats à se laisser déborder par le flot revendicatif. En deux mots, ça passe ou ça casse.

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