TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 11 octobre 2010

Le Radical et la radicalisation


C'est un effet secondaire et inattendu du remaniement avec préavis. A l'orée d'une semaine sociale à hauts risques, les membres du gouvernement mobilisent leur énergie dans cette interrogation capitale : François Fillon sera-t-il mis à la retraite de Matignon et si oui, sur quel successeur miser ?
Dans cette histoire, il y a désormais un Premier ministre en sursis, mais dont l'exécution n'est pas encore vraiment décidée, et un prétendant bien placé, mais dont la nomination n'est pas encore acquise. Le premier vend chèrement sa peau pendant que son possible successeur, lui, vend déjà sa propre image.
Une autopromotion facile. Jean-Louis Borloo, puisqu'il s'agit de lui, est à la fois un excellent vendeur et un produit politique séduisant. Eh oui, on n'a envie de dire que du bien de ce ministre singulier dont la coiffure ébouriffée (mais aujourd'hui « brushée » pour la cause) semblait à l'image de la générosité de son action, de son dynamisme pyrotechnique et de son engagement sur le terrain, où comme à Valenciennes, ses milles idées à la minute ont fait des miracles. Le Grenelle de l'environnement, qu'il a patiemment orchestré, restera un acte fondateur d'une écologie érigée, un temps, au rang de priorité gouvernementale.
Mais si on en croit le sondage du Journal du Dimanche publié hier, sa crédibilité en progrès pour le poste de chef de gouvernement n'en reste pas moins largement minoritaire dans l'opinion. Il en faudrait bien davantage pour décourager une détermination dissimulée sous un faux dilettantisme.
Surtout, ne pas se fier à l'apparence d'aventurier détaché de l'ancien avocat qui, en 1992, avait juré à l'auteur de cet éditorial qu'il arrêterait la politique « dans dix ans au plus tard » pour ne pas se laisser corrompre « par l'habitude du pouvoir politique ». Une très sincère profession de foi de cet ancien scout, dont la témérité n'a pas résisté à l'entrée dans les ordres gouvernementaux et - comment lui en vouloir ? - au désir de construire.
Pour ce professionnel, plus d'improvisation gratuite, désormais, et finalement peu de vraie spontanéité. Tout est calculé au millimètre dans une patiente stratégie de conquête. La loyauté proclamée ne vaut-elle pas les convictions d'une vie ? Le président peut bien s'essuyer les pieds sur l'impératif écologique, dévaloriser les banlieues, stigmatiser les Roms, radicaliser ses positions, il ne protestera pas. Au contraire : à chaque fois, il justifiera. A aucun moment décisif, ce démocrate-chrétien qui a réussi le tour de force de prendre la présidence... du parti radical n'a fait entendre sa différence dans la musique sécuritaire. Capable de décolorer les colères de sa propre famille avant de la livrer en caution, il est absolument sans danger pour l'Élysée. En vérité, il lui offre beaucoup de garanties.


0 commentaires: