TOUT EST DIT

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lundi 14 juin 2010

Patron pollueur, patron payeur

Cinquante jours après le début de la pire marée noire de toute l'histoire des Etats-Unis, le président Barack Obama exige que BP se sépare de son PDG et que le géant du pétrole suspende le versement de son dividende pour faire face aux conséquences financières de ce désastre écologique et économique. Une nouvelle jurisprudence du principe « pollueur-payeur » se dessine : en cas de catastrophe, le patron doit partir et l'entreprise renoncer au profit.

Exiger la tête du « boss » n'a rien d'un tabou. Les patrons truqueurs méritent souvent la prison. Ceux qui ont commis des erreurs stratégiques majeurs, la démission. Personne ne le conteste.

Mais le PDG qui n'a pas pu ou su empêcher un accident dramatique qu'il n'a en rien provoqué doit-il aussi être sacrifié ? Sans doute. Car ce n'est pas parce que le patron du XXI e siècle n'est pas forcément coupable qu'il n'est pas au moins responsable des dérives de l'entreprise qu'il dirige. Personne n'attend de lui qu'il « micro-manage » au quotidien une multinationale mais il se doit d'être le garant d'une culture d'entreprise. C'est lui, en engageant sa responsabilité, qui doit inciter ses troupes à limiter la prise de risques, à trouver un équilibre entre la pression concurrentielle à court terme et les exigences du long terme. Daniel Bouton a payé pour Kerviel, Tony Hayward devrait être puni pour Deepwater.

Tout comme son PDG, BP doit également faire face à ses responsabilités. Le fond n'est sur ce point pas contestable. La forme en revanche laisse à désirer. Ce n'est pas parce qu'il est britannique et riche à milliards que BP doit être mis à l'amende. C'est parce qu'il a pollué et qu'il peut assumer le coût de cette pollution. En cédant aux accents populistes et nationalistes, le président américain se trompe de cible et joue contre son camp. Tout autant « british » qu'américain, BP est non seulement l'un des principaux producteurs d'or noir en Amérique mais c'est aussi un géant dont 40 % des actionnaires sont américains. Fragiliser durablement BP, c'est donc affaiblir aussi les Etats-Unis. Enfin, s'attaquer au symbole du dividende, c'est chercher au-delà du management à punir l'actionnaire. La valeur boursière de BP a déjà été pratiquement divisée par deux. L'actionnaire a déjà été suffisamment puni.

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