TOUT EST DIT

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lundi 14 juin 2010

Retraites : cette semaine ou jamais

Le gouvernement présentera mercredi sa réforme des retraites. En attendant, on peut faire un bilan de la préparation de cette campagne des retraites. Une campagne éclair puisque Nicolas Sarkozy a annoncé le principe d’une réforme il y a un an (à Versailles) mais que tout a vraiment commencé il y a deux mois, avec des concertations officielles. Deux mois, cela paraît court pour une évolution des retraites qui engage la vie de millions de personnes mais il y aura d’autres étapes - au Parlement et dans la rue peut-être.

Au fond, le premier point qui frappe est que ce dossier des retraites est à la fois connu - voire hyper balisé - dans les grands principes (pour ou contre les 60 ans ou la hausse de la cotisation des fonctionnaires) et peu documenté dans le détail – en tous cas pour nous, pour l’opinion. Combien de salariés concernés dans cinq ans par le relèvement de l’âge légal de départ à 62 ans ? Mystère. Quelle baisse de la pension s’ils décident de partir quand même ? Mystère. Au-delà des grandes masses des déficits, il y a du flou. Les journalistes ont peut-être été paresseux… Mais le gouvernement et les syndicats (qui gèrent les caisses de retraite) ont aussi des éléments que nous n’avons pas et c’est regrettable.

Sur le fond, le débat a été plutôt convenu, chacun restant droit dans ses bottes, évoluant peu. Finalement, qui a animé le débat ? Dominique Strauss-Kahn disant que l’âge de la retraite ne pourrait pas rester éternellement le même – en porte-à-faux avec la position officielle du PS. François Bayrou, grand opposant de Nicolas Sarkozy, qui a reconnu que sur les retraites il n’y avait pas 36.000 manières différentes de faire. Et François Chérèque, qui a cherché un équilibre : pas question pour lui de soutenir le projet du gouvernement – cela lui a coûté cher en 2003 – mais pas question non plus de se boucher les yeux : l’idée d’un allongement de la durée de la cotisation a été acté au congrès de la semaine dernière. Du côté des pouvoirs publics, on verra mercredi si certains messages ont été entendus.

Les pouvoirs publics ne sont d’ailleurs pas tous sur la même ligne. En tous cas, ils débattent. C’est toujours compliqué de savoir qui pense quoi quand ce n’est pas public. Mais il semble bien que François Fillon souhaite une réforme forte, le Premier ministre ne voulant pas trop de contreparties comme en 2003 et en 2007 – ce qui a coûté cher. Pas question de recommencer une nouvelle réforme dans cinq ans. Il amènerait le passage de l’âge légal à 63 ans, comme Jean-François Copé. A l’Elysée, Nicolas Sarkozy, poussé par son conseiller Raymond Soubie, serait tenté d’être plus prudent (il viserait 62 ans). C’est là qu’a été prise la décision de ne pas toucher pour l’instant aux régimes spéciaux de la SNCF et de la RATP. Ce débat (un beau débat), sera tranché au plus tard demain soir.

Dernier point de ce premier bilan d’avant- réforme, il est clair que la France est sous surveillance. C’est le plus nouveau et ce n’était pas attendu il y a un an. Les investisseurs, mais aussi l’Allemagne et le Fonds monétaire international regardent de près ce que la France sera prête à faire. C’est une contrainte extérieure et elle s’ajoute à la contrainte intérieure.



Dominique Seux

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