TOUT EST DIT

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lundi 10 mai 2010

Mobilisation générale !


Comme un soldat qui sort des tranchées pour affronter le feu ennemi, l'euro s'apprête à vivre aujourd'hui une des journées décisives de sa courte histoire. Malmenée par la crise grecque, la monnaie unique est depuis plusieurs semaines victime des spéculateurs. Durant tout le week-end, les seize pays membres de la zone euro, et les autres membres de l'Union européenne, ont travaillé pour apporter une réponse à cette faiblesse structurelle. Tout le monde est mobilisé, y compris outre-Atlantique où Barack Obama suit de très près la riposte européenne.

Le totem étudié par les seize pour calmer les marchés s'articule sur trois fronts. D'abord, un fonds de stabilisation de 60 milliards octroyés par la Commission européenne, afin de créer, enfin, un mécanisme collectif de soutien. S'il devient réalité, ce sera un grand pas pour l'Union monétaire, compte tenu de l'absence criante de gouvernance économique qui a prévalu jusqu'ici. Ensuite, pour avoir un effet massue sur les spéculateurs, les Européens, avec le concours du FMI, prévoient un gigantesque plan de garanties allant jusqu'à 440 milliards d'euros, l'Allemagne souhaitant fixer un toit. Enfin, une ligne de crédit de 100 milliards. Du jamais vu. Suffisant pour rassurer les places boursières ? Les prochaines heures nous le diront.

Au moment de la naissance de l'euro, l'idée d'un mécanisme d'entraide avait été évoquée, notamment par les tenants d'une Europe plus fédéraliste. Mais un autre vent soufflait déjà à l'époque. Inquiète des mauvaises habitudes de certains pays membres en matière budgétaire, l'Allemagne, notamment, s'y était opposée.

Il y a encore quelques jours, contrairement à Paris, Berlin continuait à refuser l'idée d'un fonds de solidarité. Pour ne pas froisser une opinion majoritairement hostile à toute aide à Athènes, Angela Merkel a tout fait pour retarder l'adoption de mesures communautaires. Au risque d'allonger un peu plus, par ses tergiversations, une addition déjà salée.

Le motif invoqué, c'était notamment le vote prévu hier en Rhénanie du nord Westphalie, le plus grand Land de la fédération allemande. La chancelière ne voulait pas céder sur un dogme pour ne pas perdre une élection. Ce dimanche, elle a perdu et l'un et l'autre.

La fragilisation du gouvernement Merkel, dépourvu désormais de majorité au Bundesrat, est un mauvais signal pour l'Europe, déjà en manque de leader. Les nouvelles fonctions instituées par le traité de Lisbonne n'ont rien apporté en terme de gouvernance. À Londres, le vote britannique, qui n'a pas accouché d'une majorité claire, ajoute à la confusion. Dans chaque capitale européenne, on s'interroge surtout sur le meilleur moyen de préparer, et de présenter aux électeurs, une politique d'austérité de plus en plus incontournable.

Or, une monnaie unique exige un certain nombre de conditions sans lesquelles elle est exposée au massacre du poker menteur que sont les marchés financiers. Une convergence des politiques fiscale et économique. Une confiance tangible entre partenaires. Le fonds de stabilisation est nécessaire dans l'urgence, l'énorme plan de soutien soutenu par Berlin aussi. Ils indiquent aux marchés que l'Europe n'est à court ni de ressources ni d'entraide. Mais ils ne seront pas pour autant suffisants, car c'est d'une nouvelle architecture dont l'Europe a besoin. Pendant et après la tempête.

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