TOUT EST DIT

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lundi 10 mai 2010

Euroexigence


Vaille que vaille, en cette fin de semaine, l’Europe a tenté d’éteindre les brasiers divers allumés par la crise grecque. Chefs d’État et de gouvernement, ministres des finances de la zone euro, Commission, Banque centrale, ministres compétents dans chacun des pays, tout le monde s’est activé pour que lundi débute moins mal que n’avait fini vendredi… Cette mobilisation a consisté pour l’essentiel à tenter de parer les coups spéculatifs et à accroître encore l’assistance financière aux plus fragiles pour éviter la plongée générale. Les responsables européens ont franchi un pas de plus avec la volonté de mettre en place un fonds de soutien, qui reposerait notamment sur des emprunts contractés par la Commission.

Est-ce ce qu’il fallait faire ? Est-ce assez ambitieux ? Ces questions resteront encore ouvertes un moment. Mais une chose est sûre : ce bricolage décidé dans l’urgence, sur fond de fébrilité des marchés, ne jette pas encore les bases d’une gouvernance en Europe dont l’absence s’est fait cruellement sentir. Comment faire coexister autour d’une même monnaie des gestions aussi extrêmes que le laxisme grec et la rigueur allemande, en passant par toutes les nuances intermédiaires des choix nationaux ? Il faudra bien un jour une politique économique commune pour faire vivre la politique monétaire.

À ce stade des discussions, les mânes de pères fondateurs ou les témoignages de grands anciens servent à rappeler que, si l’Europe a changé en passant de 6 à 27, l’idée de solidarité assumée reste au cœur de cette construction originale. La refuser, même pour un bref instant, creuse les déficits en temps de crise. L’Allemagne a eu du mal à comprendre qu’il n’y avait pas d’alternative au soutien à Athènes, les Grecs, à imaginer que l’euro n’était pas simplement une rente.

De spasmes en spasmes, cette crise aura ainsi appris deux choses aux Européens. Un : il n’y a guère d’autre choix que d’assumer une destinée commune. Deux : hésiter a pour effet mécanique de doubler la facture. Non seulement l’Europe unie impose de faire bien, mais aussi de faire vite. C’est l’euroexigence. On commence aujourd’hui ?


François Ernenwein

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