TOUT EST DIT

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jeudi 8 avril 2010

Zapping


Décidément, la majorité a la main sur la zappette depuis quelque temps. Après la taxe carbone et le bouclier fiscal voici la suppression totale de la publicité sur France Télévisions qui est remise en question. Ça commence à faire beaucoup. Pour un électorat de droite qui a réclamé, semble-t-il, de la stabilité et de la constance dans les urnes des régionales, un nouveau revirement sur un dossier majeur du quinquennat risque de donner, un peu plus encore, le tournis.
A vrai dire, les téléspectateurs ne comprennent pas grand-chose aux rebondissements de la vente de la régie publicitaire. Toute cette agitation fait plutôt mauvais effet, l'électricité de l'argent venant tout à coup court-circuiter le sens et la portée d'une décision politique. La fin de la réclame sur l'audiovisuel public, c'est un changement qui touche directement l'imaginaire du téléspectateur, ses habitudes et sa conception personnelle de l'offre de chaînes pour lesquelles il paie une redevance.
Les soirées sans spots, et le début des programmes dès 20h35, les Français s'y sont facilement habitués. Et dans leur grande majorité, avec plaisir. Si l'annonce de la disparition totale de la pub à la fin de 2011 est soutenue, c'est parce qu'elle répond aux attentes d'une antenne différente, débarrassée d'objectifs de pdm (parts de marché). C'est précisément cet argument choc qui a permis à l'Élysée de « vendre » à l'opinion l'autre volet de la réforme : la nomination directe du président de France Télévisions par le président de la République. Cette nouvelle règle du jeu correspondait à une logique : si l'État paie intégralement les dépenses de la télé publique, alors il est normal que le chef de l'État contrôle directement le président de la télé publique. CQFD.
Cette vision - politiquement discutable - avait le mérite d'être claire et transparente. L'Élysée affirmait d'ailleurs, non sans une certaine franchise, qu'elle mettait fin à l'hypocrisie. C'était donnant-donnant. Cet équilibre entre le principe de la recherche de qualité et la stratégie de reprise en main présidentielle serait rompu si les termes de l'échéance de 2011 étaient modifiés.
Quand Jean-François Copé minimise à l'avance l'arrêt du processus engagé au motif que l'essentiel est fait, il n'a pas complètement tort : le sort de Patrick de Carolis, élu par le CSA en 2005, est entre les mains du chef de l'État. Sur le papier, le sortant - volontiers rebelle - a peu de chances d'être reconduit. Il avait planifié son action sur dix ans, en deux parties. Le temps nécessaire pour réformer en profondeur France Télévisions. Il sera peut être contraint de s'arrêter à la fin du premier épisode. Mais la volonté de l'Élysée peut encore changer. Elle vire de bord si brutalement, parfois, qu'elle en devient imprévisible.

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