Légaliser les drogues douces, le meilleur outil fiscal anticrise ? Le débat fait rage en Californie où l'on propose d'autoriser l'usage "récréatif" du cannabis pour en récolter les taxes. Et en France, à quand la marijuana dans les bars-tabacs ?
Les vertus médicales du cannabis pour calmer les douleurs des patients souffrant terriblement suite à un accident ou une maladie, sont reconnues depuis 1996 en Californie, qui en autorise l'usage pour ces raisons. La consommation "récréative" y est en revanche prohibée. Peut-être plus pour longtemps car la Californie pourrait être le premier Etat américain à dépénaliser la marijuana. C'est en tout cas ce que demande le Tax Cannabis act, un texte qui sera soumis au vote des Californiens en novembre prochain. La proposition prévoit que toute personne majeure puisse posséder jusqu'à 28 grammes de cannabis et même faire pousser la plante dans leur jardin !
Un débat fumant
Des voix s'élèvent pour que cette loi ne passe pas. La légalisation du cannabis étant pour certains élus démocrates et républicains, ainsi que les associations de lutte contre la toxicomanie, la porte ouverte à la banalisation et la légalisation de toutes les drogues, et donc à une augmentation de la consommation. Mais selon l'initiateur du projet, le pape du chanvre, Richard Lee, la taxation de la drogue douce permettra une levée de fonds de plus d'un milliard de dollars par an, un argument de poids pour un Etat dont les finances sont au rouge (19 milliards de dollars de déficit). Le gouverneur Arnold Schwarzenegger apporterait d'ailleurs son soutien au projet. Bizarrement, les forces de police seraient également solidaires. La répression actuelle coûterait trop cher pour de maigres résultats et accaparerait les policiers aux dépens d'autres crimes plus sérieux."Nos policiers passent trop de temps à poursuivre des consommateurs non-violents. Ils n'ont plus le temps de protéger les citoyens contre les meurtriers et les pédophiles", déplore Jack Pole, président de l'association des policiers opposés à la pénalisation.
Une politique répressive inutile
La répression face au cannabis serait-elle plus dangereuse que sa dépénalisation ? Pour certains policiers californiens cela ne fait pas de doute. L'approche actuelle"mène à des cartels violents, des dealers dans nos écoles et nos rues, coûte des millions de dollars et n'a pas fait chuter la consommation". D'après un rapport des Nations unies : malgré la prohibition, la consommation de stupéfiants ne diminue pas. Les mesures répressives lourdes (peines de prison voire de mort) ainsi que les sanctions financières (contre le blanchiment de l'argent) n'ont pas eu les effets escomptés. L'Afghanistan, le Mexique ou bien la Colombie restent des plaques tournantes de la drogue mondiale. La violence des cartels et des gangs, contrôlant ce marché noir se fait de plus en plus intense. Des personnalités politiques d'Amérique du Sud comme les anciens présidents Ernesto Zedillo (Mexique), Fernando Henrique Cardoso (Brésil), Alejandro Toledo (Pérou) ou Carlos Gaviria (Colombie) se sont déclarés favorables à la dépénalisation de la drogue.
Possible en France ?
En France, le maire du 18ème arrondissement de Paris, Daniel Vaillant (PS), a crée un groupe parlementaire sur la légalisation du cannabis. "Ne faudrait-il pas prendre le pari de légaliser la consommation personnelle de cannabis à travers un contrôle de la production et de l'importation, comme c'est le cas avec l'alcool ?", s'est-il interrogé dans les colonnes du Parisien. Les violences récentes dans les banlieues d'Ile-de-France ainsi que la consommation de plus en plus importante de drogue dans les campagnes françaises appuient ce besoin d'un contrôle étatique des stupéfiants. Pourquoi ne pas alors traiter le cannabis comme le tabac ou l'alcool, deux substances également addictives et nocives ? Au 19ème siècle, l'Etat français tirait de nombreuses recettes de la vente de l'opium. Aujourd'hui, avec un déficit budgétaire important, la France ne cracherait peut-être pas sur cette nouvelle manne fiscale. La Californie pourrait en tout cas montrer l'exemple. Selon un sondage réalisé fin 2009, 56% des Californiens se disent favorables à la légalisation.
Et vous, qu'en pensez-vous ? Faut-il dépénaliser les drogues douces comme c'est déjà le cas aux Pays-Bas ? Cela permettrait-il un contrôle plus accru des stupéfiants ou au contraire cela inciterait-il à une plus grande consommation de ces substances au demeurant dangereuses ? Votre avis nous intéresse ! Laissez-vos commentaires en bas de cet article.
Damien Bouhours
jeudi 8 avril 2010
CANNABIS – Faut-il dépénaliser pour renflouer les caisses ?
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaires:
Pour répondre à votre dernière question, je considère la dépénalisation comme une fausse solution. La légalisation est l'unique alternative... Ce n'est que mon avis.
Enregistrer un commentaire