TOUT EST DIT

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dimanche 5 décembre 2010

L'Afrique, d'abord !

Le déni de démocratie en Côte d'Ivoire n'est pas propre à ce pays. Mais, à quelques exceptions près, à toute l'Afrique, qu'elle soit francophone, anglophone ou lusophone. Plus de 50 ans après leurs indépendances, ces États n'ont pas su se débarrasser des séquelles du colonialisme. Par exemple, ces frontières artificielles tracées par les anciennes métropoles, des frontières qui divisent les ethnies en les opposant à d'autres tout en gardant dans chaque pays les structures traditionnelles de la société avec son tribalisme et son clientélisme. Un environnement dans lequel les élites, encore aujourd'hui formées par les anciens colonisateurs, savent se mouvoir en pleine aisance. Pour leur plus grand profit...
Et s'il y a un exemple-type pour illustrer ces confusions, c'est bien celui qu'offre la Côte d'Ivoire. Déjà sous la présidence Bédié (1993-1999) avait été inventé le concept d'« ivoirité ». En quelque sorte pour distinguer les moins pauvres des plus pauvres, des 25 % ou 30 % d'« immigrés » du Burkina arrivés dans le pays sous l'ère prospère du « despote éclairé » Félix Houphouët-Boigny (1959-1993). Depuis cette déclaration d'« ivoirité », de façon larvée d'abord et en quasi guerre civile ensuite (à partir de 2002), le « Nord » à majorité musulmane s'oppose au « Sud » chrétien ou animiste.
A cette situation confuse qui avait mené aux révoltes populaires et sanglantes de 2004 entraînant le départ d'une partie de la communauté française, s'ajoutent les relents nauséabonds de la Françafrique. Car cette Françafrique, mille fois enterrée, survit en pleine santé à Abidjan. Plus sur le plan économique que politique, même s'il faut s'interroger sur les étranges relations entre le PS - l'ancien ministre Jack Lang en tête - et Laurent Gbagbo, désormais un usurpateur au regard du droit international.
L'ONU, relayée par la quasi unanimité de ses membres, confirmée par les déclarations de Barack Obama, de Nicolas Sarkozy, du directeur-général du FMI Dominique Strauss-Kahn et par Bruxelles, reconnaît l'évidence : l'éclatante victoire comptable dans les urnes d'Alassane Ouattara. La victoire de l'« homme du Nord musulman » contre « l'homme du Sud chrétien ». Bien que le Conseil constitutionnel ivoirien dise le contraire en réfutant la validité du scrutin dans ce « Nord » peu contrôlable...
Mais là encore, les anciennes puissances coloniales appliquent leurs valeurs démocratiques sans tenir compte des réalités africaines. Comme aux temps de Rudyard Kipling ou de Jean Jaurès où il fallait porter le « lourd fardeau » de l'« homme blanc » en apportant la « civilisation »... Laissons les Ivoiriens faire le choix définitif entre leurs deux présidents. Sans violences, toutefois.


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