samedi 25 décembre 2010
Dynamiteur
Il disait "levée en masse" pour Nicolas Sarkozy, il martelait "mobilisation générale" pour 2012, et c’était beau frisson d’imaginer la droite marchant au son des tambours et mirlitons de Jean-François Copé. Puis les canons de Copé ont tiré, et surprise: c’était sur son propre camp!
Par deux fois, le patron de l’UMP s’est révélé en dynamiteur de la droite, la brutalisant et la divisant à la fois. Episode 1: l’impunité pénale des députés trichant sur leur patrimoine, que Copé et son féal Christian Jacob ont voulu imposer à l’Assemblée devant une opinion médusée: ainsi, quand la France grelotte dans la crise, des élus se préoccupent de garantir leurs intérêts? Et ce sont ceux qui mégotent les avantages des citoyens ordinaires, qui n’ont que les devoirs et les contraintes à la bouche qui théorisent les droits inaliénables des politiciens? Le sarkozysme, déjà décrié comme un détournement de la République, n’avait pas besoin de cet écart moral.
L’épisode 2 est social et plus étonnant encore. Soudain, Copé a décidé de relancer la bataille des 35 heures, mobilisant les ultralibéraux et déclenchant une polémique publique entre le parti et le gouvernement. Les ministres Baroin et Bertrand ont ferraillé avec Copé et le sénateur en chef Longuet… Et la droite est engagée dans une bataille idéologique qui l’affaiblira forcément. Ou bien Copé et Longuet forceront la main au pouvoir et les 35 heures, déjà laminées, seront détruites: la gauche aura une nouvelle preuve, les syndicats de nouvelles colères, les centristes de nouveaux doutes. Le feu social pourra reprendre. A-t-on besoin de ça ?
Ou bien le gouvernement tiendra bon au nom de la cohésion sociale. Mais l’idée aura été exprimée, par les responsables mêmes du parti majoritaire, que Nicolas Sarkozy, au fond, a eu la main légère en matière de réformes et n’a pas débarrassé la France de l’héritage rose. Antisocial ou insuffisant: tel est le dilemme dans lequel Copé enferme ce Président qu’il veut, paraît-il, aider! On fera crédit au patron de l’UMP d’avoir une ligne et une constance. A la fois dans sa conception d’une classe politique préservée au risque de l’arrogance (il est ici dans une tradition française) et dans sa conviction qu’il faut toujours redroitiser la droite, poussant les feux du libéralisme ou de l’identité nationale. Si l’idéologie reprend sa place, une UMP mordante pourrait souligner, par contraste, l’atonie doctrinale des socialistes…
Mais on est quand même dans une étrange histoire, faite de désordres et de divisions, de gouvernement saboté ou gêné par son propre parti, et d’un Président manipulé verbalement, instrumentalisé, revendiqué par autant d’ambitions ou de sincérités. Aussi bien Fillon, Copé que Borloo semblent vouloir cornaquer Nicolas Sarkozy ou lui imposer une ligne. Pourquoi pas, si l’Elysée est vide de sens ou ne compte que sur l’habileté pour survivre? On pourrait simplement nous éviter l’indécence des discours d’allégeance, quand les colonels de la droite agissent comme si le patron n’était déjà plus là…
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