Ah, le doute... Voilà l’adversaire. Aussi redoutable qu’il est permanent. Mais si on ose l’affronter, on peut aussi le retourner pour en faire un allié. Récupérer son énergie pour remporter bien des combats intérieurs contre les tourments sombres.
Eh bien, le moment est venu... Rarement un 25 décembre aura été aussi empreint d’interrogations partagées. Chacun sent bien qu’un monde est en train de disparaître pour laisser place à un autre, sans doute plus rude, dont on peine à maîtriser l’emballement. Car la marche de ce siècle accélère le pas, brinquebalant l’humanité dans un élan désordonné, fonçant vers un inconnu aux contours indistincts quand ils ne sont pas inquiétants.
Ce mystère éveille bien des scepticismes, en particulier dans nos sociétés occidentales dont l’âge d’or ne scintille plus. C’est bien ce malaise diffus que l’on retrouve dans toutes les enquêtes d’opinion qui tentent de sonder les âmes des Français et plus prosaïquement de mesurer leur moral. Invariablement, le résultat n’est pas brillant.
Faudrait-il se résigner à ce que les «Stille Nacht» qui résonnent dans les rues et les marchés enluminés en soient réduites à bercer notre mélancolie et à étourdir, le temps d’une journée, nos anxiétés? Bien sûr que non. Ce serait une défaite. Une reddition devant une époque qui ne nous fait pas de cadeau, ça non, mais à laquelle nous devons - malgré son ingratitude - beaucoup donner. C’est un présent gratuit. Le plus précieux de tous ceux que nous pouvons offrir à nos enfants. Puisque c’est leur jour, il doit être un commencement.
L’aube de Noël a toujours cette lueur unique pourvu qu’on souffle délicatement sur la fragile petite flamme qui l’anime. Pour entretenir le feu. C’est un acte de foi, au sens universel du mot. Si l’espérance a pris, cette nuit, un sens particulier pour les chrétiens, chacun, quelle que soit sa religion ou son absence de toute croyance, peut se l’approprier.
Pour les journalistes, il n’est pas toujours facile de sublimer le désespoir que nous renvoient l’actualité et les tragédies du monde. Le malheur est si souvent là sous nos yeux, livré sans fard à nos objectifs et nos micros bien impuissants à changer le cours des choses. Mais nous savons bien que la seule grâce d’un sourire éclairant un visage dans le chaos d’une guerre ou d’une tragédie détient aussi l’incroyable force de défier le sort. De désirer l’avenir.
Allons-nous trouver ce courage d’accueillir l’incertitude et les surprises des temps nouveaux avec générosité, voire avec un humour salvateur? L’envie d’aimer, tout simplement... Les autres, et le monde.
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