TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 6 novembre 2010

Retraites : la mobilisation en berne, les syndicats divisés

Les cortèges étaient moins fournis pour cette huitième journée d'action. Certains syndicats appellent à «d'autres formes» de mobilisation. FO déplore un «gâchis» dans la gestion du mouvement.

Pour de nombreux commentateurs, la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites prévue aujourd'hui, samedi, s'apparente à un «baroud d'honneur». Pour la huitième fois en deux mois, les syndicats appellent à une nouvelle journée de manifestation : 241 cortèges sont prévus sur le territoire.
A la mi-journée, le ministère de l'Intérieur comptabilisait 142.000 manifestants et 132 rassemblements en France, a-t-il indiqué surTwitter. Une mobilisation «en très forte baisse par rapport au 28 octobre». Ce samedi, souvent sous la pluie, les cortèges étaient moins fournis que les journées précédentes, comme à Poitiers, Dieppe, Pau, Lannion. La présence de jeunes, appelés à se joindre aux défilés, semblait assez limitée.
A Toulouse, la guerre des chiffres avait déjà commencé ce matin. La police a estimé que les défilés avaient rassemblé 13.000 personnes, tandis que les syndicats en ont recensé 110.000. Il y avait 15.000 à 120.000 manifestants le 28 octobre. Selon les chiffres définitifs de la préfecture de police de Paris, publiés à 16h30, la manifestation a rassemblé 28.000 personnes à Paris, contre 31.000 le 28 octobre. Selon la CGT, 90.000 personnes ont défilé dans les rues de la capitale, soit près de deux fois moins que le 28 octobre où 170.000 personnes avaient été comptées par les syndicats).

La CGT attend un million de manifestants

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a déclaré avant le départ du cortège parisien que la participation aux manifestations de samedi contre la réforme des retraites s'annonçait «moindre» que les précédentes, mais «sans doute au-delà du million». «Il est normal qu'il y ait une mobilisation légèrement inférieure, compte tenu du fait que la loi a été votée», a pour sa part déclaré François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, peu avant le départ de la manifestation parisienne, place de la République.
De son côté, le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, a déploré un «certain gâchis dans la conduite du mouvement» par les syndicats. La plus faible mobilisation constatée ce samedi en serait la conséquence, selon le responsable syndical. Des divergences sur la suite du mouvement sont en effet apparues entre les syndicats, alors que l'ampleur du mouvement s'est progressivement affaiblie après l'adoption de la réforme des retraites au parlement.
Les six premières journées de mobilisation- dont deux organisées un samedi- ont rassemblé à chaque fois des millions de personnes, selon les syndicats, et autour d'un million, selon la police. Mais la dernière, le 28 octobre, au lendemain du vote, a marqué un net reflux, avec une affluence divisée de moitié - 560.000 selon la police, près de deux millions selon la CGT- sur fond d'arrêt des grèves, notamment dans les raffineries.

L'unité syndicale en question

Ce recul de la mobilisation a, semble-t-il, conduit la CFDT à privilégier une sortie de crise. Son secrétaire général, François Chérèque a exclu vendredi que la mobilisation puisse désormais faire «reculer» Nicolas Sarkozy. «On a parlé beaucoup des retraites parce que le gouvernement a précipité la réforme du fait de la crise, maintenant on revient aux éléments de la crise: le chômage énorme, le chômage des jeunes, des seniors, les conditions de travail, la pénibilité, ce sont des sujets qu'il faudra exprimer dans les mois qui viennent», a-t-il déclaré sur Canal +.
D'autres syndicats semblent favoriser une fin du conflit. Jacques Voisin, président de la CFTC, a estimé samedi que la mobilisation devait «passer à d'autres formes de démarches», car «la manif peut tuer la manif». Alain Olive, secrétaire général de l'Unsa, a également appelé l'intersyndicale à «imaginer» d'autres formes d'action pour contester la réforme des retraites, en constatant une baisse du nombre des manifestants. Il s'est interrogé sur la «pertinence» d'une nouvelle journée de grève fin novembre, «si on n'est pas suivi». Le président de la CFE-CGC, Bernard Van Crayenest, a affirmé de son côté avoir déjà appelé l'intersyndicale «à faire preuve d'imagination pour trouver d'autres formes d'expression pour maintenir ce débat».
La détermination de la CGT reste au contraire intacte. L'organisation continuera à se mobiliser, y compris si l'unité syndicale se fissure, a déclaré son secrétaire général Bernard Thibault, ce samedi, dans L'Humanité. «Aujourd'hui représente un nouveau temps fort. Il y en aura d'autres. La CGT ira jusqu'au bout», prévient Bernard Thibault, pour qui «le mouvement est profondément installé dans le pays». Le secrétaire général de la CGT souligne que «les lois sont révisables en permanence».

Nouveau «rendez-vous» fin novembre

Au départ du cortège parisien, François Chérèque a toutefois tenu à lever tout malentendu concernant l'unité des syndicats. «La CFDT sera toujours, comme on l'a fait, comme l'intersyndicale l'a décidé, dans ce mouvement unitaire», a-t-il déclaré à la presse. «Il y aura une nouvelle journée d'action fin novembre et la CFDT y participera», a-t-il souligné, en réfutant toute dissension au sein de l'intersyndicale, qui a convenu cette semaine d'un nouveau «rendez-vous» entre les 22 et 26 novembre. Les modalités en seront précisées lundi.
Gouvernement et syndicats ont par ailleurs les yeux rivés sur le Conseil Constitutionnel, saisi par le PS, qui doit statuer sur la réforme d'ici le 2 décembre. Le président de la République peut promulguer la loi, qui repousse de 60 à 62 ans l'âge légal de départ à la retraite et de 65 à 67 ans l'âge pour un départ à taux plein, dans les 15 jours suivant l'aval des Sages.

0 commentaires: