TOUT EST DIT

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samedi 6 novembre 2010

La Chine en pleine expansion mondiale

Le voyage du président chinois en France montre combien l'évolution du monde est rapide et profonde.

On peut se réjouir de cette visite qui manifeste l'amitié de la Chine et de la France. N'oublions pas que c'est notre pays qui fut le premier à reconnaître la République populaire de Chine en 1964. N'oublions pas qu'à l'époque, cette reconnaissance suscita de vives critiques, en France même et chez nos amis occidentaux.

Dans le domaine économique, le voyage apparaît positif. La France passe des marchés fructueux qui peuvent contribuer actuellement à soutenir notre économie. Certes, la Chine exporte plus chez nous que nous n'exportons vers elle. Ces transactions combleront donc un peu ce déficit trop important.

Mais ici, il faut s'interroger : ne ferions-nous pas, en définitive, une sorte de marché de dupes ? En effet, à travers ces contrats, nous livrons à la Chine certaines de nos technologies de pointe. Lorsqu'elle les aura assimilées, parions que ses centaines de milliers d'ingénieurs sauront les utiliser pour nous renvoyer des produits de qualité et performants à coût plus faible que nous ne pouvons les produire et donc à moindre prix. Nous aidons donc la concurrence qui nous agressera, demain, avec d'autant plus d'efficacité.

Par ailleurs, nous avons pu constater le démarrage fulgurant de l'économie chinoise. Voici une quinzaine d'années, nous souriions d'entendre, à Pékin, de jeunes Chinois nous déclarer que leur pays voulait rattraper l'Amérique. On y est aujourd'hui. La Chine est devenue la deuxième puissance mondiale ! Elle ne s'arrêtera pas en si bon chemin.

Toujours promouvoir les droits de l'homme

Elle est présente et active en Grèce, y gère des ports, elle se tourne, aujourd'hui, vers le Portugal pour y agir de même. En France, ici ou là, elle s'installe. Elle utilise des Occidentaux pour négocier ses implantations à l'étranger comme nous le fîmes, jadis, en utilisant des compradors, ces Chinois qui négociaient pour notre compte avec leurs compatriotes. C'était nécessaire, car nous ne faisions pas le poids dans la discussion commerciale face aux Chinois dont l'habileté forte et subtile nous déroutait.

Comme on le voit, la Chine d'aujourd'hui retourne la monnaie de leur pièce aux anciens colonisateurs occidentaux. Tout cela démontre son considérable appétit et sa volonté d'expansion qui inquiètent d'ailleurs, depuis longtemps, ses voisins : Inde, Corée, Japon.

La Chine, c'est évident, est une grande puissance. Malheureusement, elle est bien loin de nos conceptions démocratiques, basées sur le respect de la personne, de chaque personne, ce qui fonde les droits de l'homme.

Ces droits de l'homme que nous n'avons, semble-t-il, pas même évoqués au cours de ces pourparlers. Bien sûr, il ne s'agit pas de faire la leçon aux Chinois. Bien sûr, ils sont nos hôtes, nous devons les respecter et éviter de les mettre en difficulté. On sait combien ils craignent de perdre la face. Cependant, nous ne devrions pas pour autant donner le sentiment que nous acceptons certains comportements de la Chine vis-à-vis de ce qui nous paraît fondamental.

Nous en avons un symbole évident aujourd'hui : il existe deux prix Nobel chinois. L'un est exilé : le Dalai Lama ; l'autre est en prison : Liu Xiaobo. N'oublions pas non plus que le laogaï, le goulag chinois, travaille pour des produits exportés que nous achetons. « Quel système terrifiant ! Il élève des barrières à l'intérieur même du coeur des personnes ! Il cadenasse les lèvres », s'indignait le cardinal Joseph Zen, évêque du diocèse catholique de Hong-Kong, lors de son retour de Shanghai.

Bien sûr, nous devons échanger avec la Chine, mais sans pour autant donner le sentiment que nous estompons nos convictions. Il est peut-être difficile de tenir les deux bouts de la chaîne en ce domaine. Angela Merkel a su le faire, en 2006, lors de son voyage en Chine. Elle n'avait pas gardé sa langue dans sa poche sur le problème des droits de l'homme alors même que l'Allemagne est le principal partenaire européen de la Chine.

Pourquoi ne pas faire de même à notre manière ? C'est d'autant plus nécessaire que la Chine, bien éveillée désormais, ne cache pas ses ambitions mondiales. Nous n'aimerions pas que, sous son influence, ici ou là, dans le monde, s'installe une nouvelle donne qui ferait régresser les droits de l'homme. 

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