dimanche 14 novembre 2010
Les petites surprises du remaniement
"Beaucoup de bruit pour rien", "tout ça pour ça"... Annoncé depuis cinq mois, le remaniement ne marque pas, à lire les premiers commentaires, de changement majeur (voir la liste du nouveau gouvernement) Le premier ministre reste en place, de même que la ministre de l'économie, Christine Lagarde, que le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, que le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux... Quelques changements sont toutefois à noter.
- Le ministère de l'immigration disparait. C'est un changement majeur, et une vraie surprise : il n'y a plus ni ministre ni secrétaire d'Etat à l'immigration. La question est désormais rattachée à l'Intérieur, et la notion "d'identité nationale" n'existe plus. Quelques mois après la surenchère sécuritaire de Grenoble, ce choix sonne comme un aveu d'échec de la stratégie de reconquête des voix du Front national. Quant à Eric Besson, il quitte ce poste pour l'économie.
- Plus de ministère d'Etat à l'écologie. C'était un engagement du pacte écologique de Nicolas Hulot en 2007, signé par Nicolas Sarkozy : un "vice-ministre" de l'environnement associé au premier ministre. Le chef de l'Etat avait respecté cet engagement en nommant Alain Juppé, puis Jean-Louis Borloo, ministres d'Etat avec le titre de numéro deux du gouvernement. Cette fois, c'est fini. L'environnement reste un ministère, mais perd le secteur de l'énergie, qui revient dans le giron de Bercy. Et s'il y a deux ministres d'Etat, ce sont Alain Juppé (défense) et Michèle Alliot-Marie (affaires étrangères), les deux "poids lourds", qui en héritent.
- Un gouvernement de ministres. Le gouvernement devait être resserré, pari tenu : il passe de 38 à 30 membres. Mais alors qu'on ne comptait que 17 ministres, on passe cette fois à 22, pour 8 secrétaires d'Etat. On introduit aussi la notion de "ministres auprès de ministres", soit des secrétaires d'Etat aux compétences élargies.
- La fin de l'ouverture. Elle était annoncée, c'est fait. Il n'y a plus de ministres d'ouverture. Il reste Eric Besson, transfuge du PS, mais il a depuis pris sa carte de l'UMP.
- Moins de minorités visibles. Nicolas Sarkozy s'était fait une gloire de nommer des ministres issus de la "diversité" à des postes régaliens, comme Rachida Dati à la justice. C'est fini : les trois seules ministres issues de minorités visibles sont Jeannette Boughrab, secrétaire d'Etat à la jeunesse et à la vie associative, Nora Berra à la Santé et Marie-Luce Penchard à l'outre-mer.
- Toujours pas de parité. La parité hommes-femmes, qui n'était déjà plus respectée depuis juin 2007, n'est une nouvelle fois pas atteinte. On compte 11 femmes pour 19 hommes dans le nouveau gouvernement Fillon.
- Les ex-villepinistes en force. Nicolas Sarkozy aura réussi à faire une nouvelle défection dans le camp villepiniste, et non des moindres : Marie-Anne Montchamp, qui hérite d'un secrétariat d'Etat à la solidarité, était la porte-parole et la fondatrice du mouvement qui a conduit à République solidaire, le parti de Dominique de Villepin. Avec Georges Tron et Bruno Le Maire, les ex-villepinistes sont en tous cas très bien représentés à l'UMP.
- Yade, Woerth, le départ de deux icônes. L'une incarnait le renouvellement politique du sarkozysme, l'autre ses dérives. Rama Yade et Eric Woerth ne font pas partie du nouveau gouvernement. Si le sort du ministre du travail, qui ca retrouver son siège de député, était annoncé, celui de la secrétaire d'Etat sortant aux Sports était plus incertain. Très populaire, mais trop rebelle, Rama Yade devra trouver un point de chute pour rebondir. Quant à Eric Woerth, il devrait disposer d'une immunité parlementaire lorsqu'il sera de nouveau convoqué par la justice dans le cadre de l'affaire Bettencourt.
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