TOUT EST DIT

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samedi 27 novembre 2010

Bouffonnerie rose

Pourquoi se font-ils ça, les socialistes, aux portes du pouvoir, qui délaissent la politique et les Français en ne parlant que d’eux-mêmes, leurs arrangements démentis à peine annoncés, leurs combinazioni pâteuses et leurs indignations surjouées?

L’épisode du pacte Aubry-DSK-Royal n’est qu’une bouffonnerie, mais une bouffonnerie signifiante. Elle en dit trop sur ce qui travaille les élites roses pour qu’on la laisse de côté.

Pour rappel. Episode 1: Martine Aubry, venue critiquer Fillon à la télévision, affirme une entente entre elle-même, "Ségolène" et "Dominique". Entre ce croustillant ménage à trois et la banalité de ses attaques envers le pouvoir, les médias choisissent.

Episode 2: chacun se détermine en fonction de ce "pacte". Hollande, Valls et Moscovici s’en indignent, Fabius l’approuve, et affirme au passage que Strauss-Kahn et lui avaient organisé le congrès de Reims pour faire élire Aubry, et on reste stupéfait de l’aveu : le congrès de Reims a eu lieu au début de la grande crise financière, lors du premier G20, un an après l’arrivée de DSK au FMI.

Episode 3: Ségolène Royal dément le pacte et toute manipulation. Il n’y avait donc rien? Mais ce rien, c’est eux. La première secrétaire est la première responsable. Annoncer une entente avec "Ségolène" et s’en faire démentir, c’est ridicule. Affirmer un pacte avec "Dominique", qui s’interdit d’intervenir pour l’instant dans la politique française, c’est maladroit ou indélicat. Ou bien Martine Aubry est la remplaçante attitrée et la porte-parole officielle de DSK, et il va falloir assumer. Ou bien elle abuse de sa parole, par malaise ou par orgueil, au risque d’affaiblir à la fois Strauss-Kahn et son parti.

Le PS a deux atouts dans son jeu. Un processus électoral qui politise les conflits : les primaires. Et un candidat hors sol et hors norme, virtuel mais plébiscité. Si DSK veut revenir, il n’y aura pas besoin de pacte pour s’imposer - mais devra, dans les primaires, affirmer sa vérité politique. Si le PS fait sans lui, la gauche y perdra en charisme, mais les primaires y suppléeront par la raison et la dialectique.

C’est dans cette tension, entre l’attente d’un sauveur et l’ascèse du débat, que s’égarent Martine Aubry et les socialistes. Incapables d’allégeance, ils n’osent pas les débats de fond ou les mélangent avec leurs préséances tactiques. Ils construisent un projet, mais se révèlent passionnés d’eux-mêmes, de leurs rivalités et de leurs mesquineries, comme ils l’ont toujours été. Et cette image s’impose quand le gouvernement, tout à l’état de grâce de Fillon, expose ses dossiers et ses réformes, et chaque ministre se gargarise de l’"intérêt général", sans être sérieusement contesté.

Cela ne change rien au besoin de justice du pays ni aux échecs de l’équipe en place. Cela n’efface pas le discrédit du président de la République, que les médias ont décidé de ne plus traiter que par la dérision. Mais la gauche aurait tort de se croire estimée par avance. La bouffonnerie du pacte ne vaut pas mieux que les amis pédophiles.

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