TOUT EST DIT

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samedi 27 novembre 2010

Urgence

Ce n'est pas un dossier politique, mais une urgence. Et elle aurait dû être traitée depuis longtemps.
Étrange oubli. Dans une société aussi individualiste que la nôtre, l'un des personnages centraux de notre univers quotidien a été laissé sans soin particulier, faute de moyens ou d'imagination. Son qualificatif est, en lui-même, vaguement dévalorisant. « Généraliste », cela résonne comme ordinaire. Rien ne distingue sa mission, de plus en plus complexe, pourtant, sinon une simple plaque de cuivre à l'entrée de son immeuble. Il est loin le temps où il avait cette dimension romanesque qui lui apportait cette autorité particulière dans la cité, au même titre que le maire ou le curé. Il n'a même pas sa place dans l'imaginaire télévisuel, contrairement au brocanteur.
« Le médecin de famille » - belle appellation pourtant - ne va pas bien. Son sort, notamment à la campagne, est devenu si peu enviable qu'il ne suscite plus guère de vocation. C'est qu'il n'incarne plus la noblesse du métier, celle qui nourrit l'ambition des étudiants en médecine, guidés par les lumières des blocs opératoires ou l'éclat des spécialités hautement rémunérées et socialement considérées.
A 22 euros la consultation (23 le 1er janvier, quel progrès !) on ne fabrique pas des héros modernes. Qui pourrait être encore candidat à des journées de 16 heures pour le salaire d'un honnête cadre moyen, sans plus ? La carte médicale répond par le vide. Les taches du territoire où l'on manque de médecins s'élargissent d'année en année. Un symptôme apparemment contradictoire dans une France qui continue de célébrer sa qualité de la vie comme un patrimoine national.
La revalorisation des généralistes proposée au président de la République par Élisabeth Hubert est forcément bienvenue. La modulation des actes qu'elle suggère répond, à première vue, à un constat de bon sens. Le diagnostic d'une banale gastro ne vaut pas, en temps, un bilan psychologique complet du patient, évidemment. Les tarifs à géométrie variable semblent, eux aussi, relever du bon sens. Peut-on pour autant découper en tranches les différentes interventions du praticien généraliste, c'est une autre problématique qui remet en question la dimension universelle du médecin. Du forfait, on passerait à la carte. Ça se discute mais une telle évolution comporterait aussi un risque de nivellement par le bas, et un renversement des valeurs : le patient, finalement, ne vaudrait que par le mal qui le fait consulter...
Il n'empêche. C'est un beau débat qui mérite d'être posé sans préjugés. Le diagnostic n'est qu'un début de réponse. Encore faudra-t-il que les finances de la Sécurité sociale permettent un vrai progrès libre de tout calcul économique ou... électoral. Une gageure ?


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