TOUT EST DIT

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samedi 16 octobre 2010

On n'a presque plus de pétrole, mais Attali a des idées...



Tous les détenteurs d'un téléphone portable le savent : près d'une pompe à essence, si on veut éviter une explosion accidentelle, il faut proscrire les impulsions électriques. Dans une atmosphère déjà saturée de soufre politique auxquelles se mélangent désormais les effluves anxiogènes d'un pétrole en voie de pénurie, le déclenchement de l'infatigable dynamo Attali survient au pire moment.
Remis hier soir au chef de l'État, le rapport de la commission présidée par l'ancien conseiller de François Mitterrand - qui dessine une stratégie sur dix ans pour propulser durablement la croissance sur une courbe ascendante de 2,5 % - ne peut envoyer qu'un courant négatif. Il devait électriser le débat. Il risque de le porter à incandescence.
Le traitement préalable de trois ans qu'il prescrit pour économiser 75 milliards et apurer le déficit public à l'horizon 2016 - condition sine qua non du redressement - aurait forcément les effets d'une violente décharge. Du gel des salaires des fonctionnaires à la soumission du versement des allocations familiales à des conditions de ressources, du non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux dans les collectivités locales aux coupes dans les dépenses de santé, il s'agit bien d'un traitement de choc, présenté comme salutaire et pas seulement optionnel.
Minés par le syndrome du sans-plomb défaillant, les Français sont sans doute trop mal psychiquement pour entendre cet avis chirurgical. En manque d'oxygène, proche du malaise dans la rue, le gouvernement, lui, osera à peine regarder l'ordonnance qu'il a lui même sollicitée, de peur de tourner de l'oeil. Attention au haut-le-coeur ! Sur le chapitre retraites, les remèdes auront un arrière-goût acide dans les cuisines électorales du château : ils sont plus proches de ceux de la CFDT que de ceux de l'Élysée avec la prise en compte d'une indispensable dose de justice sociale et une préférence, à long terme, pour la logique des annuités sur le dogme de l'âge de départ.
Un scalpel dans une main, une boussole dans l'autre, le docteur Attali incarne pourtant une vraie qualité à laquelle se réfère le chef de l'État. Le courage. Il essaie de voir loin - avec des propositions novatrices sur la fiscalité - et ne s'aveugle pas sur les conditions de la survie qui constitue le socle de la renaissance économique. Le travail de son équipe met en évidence le prix à payer pour rattraper un retard d'un demi-quinquennat. Avec une question à laquelle il est difficile de répondre : pourra-t-on ouvrir les portes de l'avenir sans brutalité ?

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