TOUT EST DIT

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mardi 28 septembre 2010

Vingt ans d'unité allemande en Europe

Le 2 octobre 1990, dans la grande salle de l'ancien Reichstag, femmes et hommes politiques allemands fêtent la réunification accomplie. Parmi eux, un étranger, Jacques Delors, que le président de la République, Richard von Weizsäcker, remercie, dans son discours, d'avoir favorisé l'unification de l'Allemagne depuis Bruxelles, où il présidait la Commission européenne. Cette réunification n'était-elle pas le premier élargissement vers l'Est de l'Europe de la Liberté ?

Il faudra attendre 2004 pour que soient admis d'autres pays échappés au joug communiste, conformément au voeu de Robert Schuman, dès 1963 : « Nous devons faire l'Europe, non seulement dans l'intérêt des peuples libres, mais aussi pour pouvoir y accueillir les peuples de l'Est. »

Le 20 décembre 1990, se tient la première séance du Bundestag, de l'Assemblée nationale unifiée. Le doyen d'âge, l'ancien chancelier Willy Brandt, affirme dans son discours que, sans la Communauté européenne, la réunification n'aurait pas pu se faire aussi facilement. Et il ajoute : « En ce sens, des hommes comme Jean Monnet ont été des pères de l'unité allemande ! ».

Avant le 2 octobre, un traité important a été signé entre la République fédérale et un État est-allemand en voie de disparition. Son article 10 stipule que les nouveaux Länder (Régions-États) ont l'obligation d'intégrer, dans leur législation et leurs réglementations internes, tous les règlements et directives communautaires. Pour tenir compte de l'unification, on modifie légèrement la Constitution. On abolit l'article 23 qui permettait aux nouveaux arrivants d'entrer dans la République fédérale. On le remplace par un article portant le même numéro, et permettant de nouvelles délégations de souveraineté à l'Europe communautaire.

Certes, le Traité dit 2+4 (les deux États allemands et les quatre anciens vainqueurs, dont la France), signé le 12 septembre, proclamait que « l'Allemagne disposait d'une pleine souveraineté sur ses affaires intérieures et extérieures ». Mais c'était simplement pour dire que les Quatre renonçaient désormais à tous leurs droits et responsabilités, pris en main en 1945.

L'Allemagne unifiée était, et est, autant ou aussi peu souveraine que les autres membres de l'Union européenne, dont la France. Depuis lors, l'Allemagne a même renoncé à sa monnaie, le deutsche mark tant aimé. Et, pour tous ses membres, l'Union européenne dispose de bien des pouvoirs, que ce soit au Parlement, à la Commission ou à la Cour de Justice.

Tout a donc été fait pour que le 2 octobre 1990, dont on fête le vingtième anniversaire, marque l'entrée complète et définitive de l'Allemagne élargie dans les structures et l'esprit de l'Union européenne, si souvent décriée.



(*) Auteur de L'Allemagne de Berlin. Différente et semblable (Alvik).
Alfred Grosser

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