TOUT EST DIT

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mardi 28 septembre 2010

Mission impossible

Le comité chargé de réfléchir à l'opportunité de créer un fichier positif en France va se réunir aujourd'hui pour la première fois. Ses travaux s'étaleront jusqu'à la fin juin 2011. On souhaite bien du plaisir à ses 16 membres, tant le sujet est loin de faire l'unanimité. Qu'il s'agisse de la Banque de France, des banquiers, de la CNIL ou encore - ce qui est plus surprenant -des associations de consommateurs, chacun des protagonistes met en garde contre les limites du dispositif et pousse sa propre solution.

A se demander si cela vaut le coup de créer ce que certains appellent déjà une usine à gaz regroupant entre 15 et 20 millions d'emprunteurs pour mieux pister quelques milliers d'acheteurs compulsifs. D'autant que les résultats espérés ne sont pas toujours au rendez-vous. En Belgique, par exemple, le nombre des surendettés a progressé de 70 % entre 2003 et 2008, malgré la création de cet outil. Et, que l'on sache, l'existence d'une véritable notation de crédit pour les ménages aux Etats-Unis n'y a pas empêché la crise des « subprimes ». Difficile, dans ces conditions, de nier que le fichier positif n'est pas la panacée. Qu'il ne résoudra pas à lui seul la question du surendettement, lié aussi, on le sait, à ce qu'on appelle pudiquement les accidents de la vie (chômage, maladie, divorce…).

Cela ne veut pas dire pour autant qu'il faut y renoncer. D'abord, parce que la progression constante du nombre de surendettés justifie d'élargir la palette des moyens d'y remédier. En 2009, le nombre de dossiers de surendettement a encore bondi de 15 %, pour dépasser la barre des 200.000 nouveaux cas. Ensuite, parce qu'il est le prolongement logique de la loi Lagarde. Voté au printemps, ce texte visait non seulement à mieux protéger les emprunteurs (encadrement de la publicité, du crédit renouvelable…), mais aussi à davantage responsabiliser les prêteurs. Dès lors, imposer à ces derniers de vérifier a priori la solvabilité des emprunteurs serait la moindre des choses. Après tout, pourquoi le moindre retrait à un distributeur de billet ferait-il l'objet d'une vérification préalable et pas l'obtention d'un crédit conso. Cela éviterait sans doute des déboires aux ménages les plus fragiles économiquement et psychologiquement.

Reste maintenant aux membres du comité à définir les contours d'un registre à la fois fiable, pratique et respectueux des libertés individuelles. Le défi est de taille.

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