TOUT EST DIT

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jeudi 30 septembre 2010

Les larmes de la cigale

Le projet de loi de finances pour 2011, examiné hier en conseil des ministres, restera dans les mémoires pour une raison simple : il prévoit une diminution du budget général de l’État. À supposer que cela soit déjà arrivé, nul ne s’en souvient. Il s’agit là d’une rupture symbolique importante. Depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le discours du gouvernement a beaucoup mis en avant le thème d’un strict contrôle de la dépense publique, mais sans trop insister sur un fait : il s’agissait d’un contrôle « en volume ». En clair, les dépenses continuaient à progresser au moins à hauteur du taux d’inflation.

Cette fois la page est tournée. Pas au meilleur moment. Si la France est sortie de la récession provoquée par la crise financière de l’automne 2008, la reprise est pour le moins faible et fragile. Dès lors, elle risque de souffrir du resserrement des dépenses de l’État tout comme de la hausse des prélèvements fiscaux (via la remise en cause de nombreuses niches fiscales) : ni l’un ni l’autre ne sont favorables à l’activité économique, au moins à court terme. Hélas, aujourd’hui, nous n’avons plus le choix. Le niveau d’endettement du pays ne permet plus de repousser à plus tard un effort de rigueur budgétaire. L’an prochain, l’État consacrera presque autant d’argent à couvrir le coût de la dette publique qu’à financer l’enseignement scolaire. Et, en 2012, le « service de la dette » (ainsi dit-on) deviendra la première dépense de l’État.

C’est là que l’on peut éprouver des regrets. À plusieurs reprises au cours de ces vingt dernières années, sous des gouvernements de gauche comme de droite, la croissance économique a donné de l’oxygène aux recettes de l’État. Cet argent a fort peu été utilisé pour réduire les déficits et l’endettement, mais bien davantage pour financer des dépenses courantes. Souvenons-nous de cette étonnante affaire de la « cagnotte fiscale », en 1999, Jacques Chirac poussant Lionel Jospin à des allègements d’impôts. Ce sont de telles facilités que l’on paie aujourd’hui au prix fort. La leçon est à méditer pour l’avenir.

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