TOUT EST DIT

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jeudi 30 septembre 2010

Et volent les copeaux...

Si jamais vous entendez « rigueur » dans la bouche d'un membre du gouvernement, ce sera officiellement un lapsus, une mésaventure courante en ces temps fébriles. Même s'il arrive au Premier ministre de l'employer, le mot est toujours tabou. On se demande bien pourquoi, d'ailleurs, puisqu'il n'a rien de honteux. Les raisons qui poussent le gouvernement à réduire la voilure sont fort légitimes, en effet : comment accepter plus longtemps que la charge de la dette soit désormais la première dépense de l'État ?
Il était temps que la France s'attaque vraiment à son déficit public, l'un des plus élevés d'Europe. La réaction n'a que trop tardé. En 2007, les clignotants étaient déjà au rouge depuis longtemps, mais dans le vent de la victoire, la toute nouvelle équipe au pouvoir crut bon de suspendre l'effort, timide certes, que venait juste d'entreprendre le gouvernement Villepin. Pendant que l'Allemagne poursuivait les sacrifices engagés dès 2002 par le chancelier Schroeder, le ministre du budget Éric Woerth avait alors justifié qu'on fasse « une pause » au nom d'une politique de rupture qui se voulait énergique. C'était une prise de risques... et elle eut des conséquences d'autant plus néfastes que la crise de 2008 accéléra dramatiquement la plongée dans le rouge.
Pour ne pas couler, il fallait bien que le redressement fût au moins « historique » comme l'ont qualifié les ministres. Nous ne sommes pas, toutefois, dans le registre du courage mais dans celui de l'obéissance aux injonctions d'une Europe exigeant une discipline budgétaire immédiate.
Christine Lagarde a étiqueté « responsable » ce budget 2011. Il l'est. En revanche, on ne peut pas dire, comme elle le prétend, qu'il est « ambitieux ». Supprimer 31 638 postes dans la Fonction publique, on ne pouvait peut-être pas faire autrement, mais ce n'est quand même pas un triomphe. Un peu de modestie ne ferait pas de mal... Et un peu de psychologie ne serait pas superflu.
Pourquoi, par exemple, s'empêcher d'être sincère quand les Français, eux, ont parfaitement pris la mesure de la gravité de la situation ? S'obstiner à répéter que le gouvernement n'augmente pas les impôts quand il se vante de récupérer 10 milliards d'euros en supprimant 22 niches fiscales (ce qui, mécaniquement, revient à relever les taxes), c'est se payer de mots et prendre le contribuable pour un gogo. Quand les copeaux du rabot volent haut, le pourcentage des prélèvements obligatoires augmente à nouveau retrouvant son niveau de 2007.
Le gouvernement n'a pas à rougir de sa détermination - la gauche n'aurait sans doute pas fait mieux - mais il dissimule, pourtant... Ce qu'il veut cacher, maladroitement, c'est qu'il est bien obligé de trahir aujourd'hui les promesses irréalistes de la présidentielle d'hier.


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