TOUT EST DIT

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jeudi 30 septembre 2010

Le mythe de l'auto a la peau dure

Dans un monde globalisé où les effets de vitesse et de masse jouent à plein, l'avenir est de moins en moins linéaire et prévisible. En économie comme ailleurs. Souvenez-vous ! Au dernier salon de l'automobile de Paris, en 2008, les prévisions, largement partagées dans les allées des constructeurs, donnaient un peu le frisson.

C'était acquis : de grandes marques mondiales allaient rester au tapis de la crise, et tout le monde pensait évidemment aux « vieilles » américaines un peu défraîchies, GM, Ford, Chrysler.

C'était évident : née avant la récession, grâce au flair anticipatif du groupe Renault, la voiture low cost (bas coûts et bas prix) devait faire un tabac et tenir le haut du marché.

C'était inévitable : le « péril jaune » s'apprêtait à faire déferler les marques chinoises sur nos marchés, en portant un coup dur aux constructeurs occidentaux. Plus sombrement encore, certains augures annonçaient quasiment la mort du mythe automobile, devenu le symbole de la pollution, du gaspillage, de l'individualisme. On allait donc le sacrifier, sans état d'âme, sur l'autel de l'écologie et du bien-être commun.

Eh bien non ! En profitant du virage de la crise économique mondiale, l'histoire a pris un malin plaisir à rouler à contresens. Le grand chambardement annoncé n'a pas eu lieu.

- Sauvé de la liquidation par le contribuable américain au pays du libéralisme flamboyant, General Motors, l'ex-numéro un mondial, retrouve des couleurs et des bénéfices, après s'être débarrassé de quelques bijoux de famille. Ford refait du cash. Chrysler respire dans le giron de Fiat. Bref, on prend les mêmes, Volkswagen et Toyota en tête, et les affaires repartent : « Business as usual », comme disent les Américains.

- Tiré par Dacia, le low cost s'est évidemment fait une belle place au soleil, mais où est le prix bas ? Une évidente dérive marketing a singulièrement dénaturé l'idée d'origine du produit basique et pas cher. Les tarifs des modèles low cost rentrent dans le rang et rejoignent le plus souvent le coeur du marché.

Quant aux Chinois, c'est peu dire que leur cible, aujourd'hui, ce n'est pas l'Europe. Ils ne sont pas présents au Mondial de Paris. Et pour cause : au-delà de son incapacité à répondre aux normes des marchés occidentaux, la Chine est totalement occupée par une volonté impérieuse (étatique) de verrouiller son marché intérieur, en croissance exponentielle.

Bref, l'histoire zigzague. Il n'empêche, elle ne remet pas en cause la place de l'automobile dans la société. Essentielle. Au-delà du boom des immatriculations dans les pays émergents, qui tirent le marché mondial vers des records parfois inquiétants, les ventes françaises et européennes commencent à retrouver le rythme de croisière des années 2000. Elles attestent que l'automobile reste d'une attractivité centrale à défaut de toujours faire rêver. Comme l'illustre aussi la remontée en gamme des achats vers le haut des cylindrées. Comme en témoignent encore les enquêtes d'opinion sur l'appétit intact des jeunes.

Le mythe automobile a la peau dure, même s'il évolue. Si l'aspect utilitaire a pris définitivement le pas sur la fonction statutaire. Même si de nouveaux comportements plus responsables et collectifs ¯ covoiturage, autopartage ¯ pointent derrière le capot. Les écologistes, entre autres, devront se faire une raison. Pourquoi pas celle que leur offrent les constructeurs français en dévoilant à Paris, des voitures tout électriques prêtes à l'emploi. Enfin.

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