TOUT EST DIT

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jeudi 30 septembre 2010

Université : la vérité sur les taux d'échec

Après la rentrée universitaire, la question qui taraude tous les nouveaux étudiants est celle du taux de succès en premier cycle, en particulier en première année de DEUG jusqu'en 2004 et de licence (bac + 3 ans) depuis la réforme LMD. Voilà vingt-cinq ans que le chiffre de 50 % d'échec circule, voilà vingt-cinq ans qu'il est faux. Il faut être précis dans les définitions : un étudiant sera considéré comme en échec s'il quitte l'enseignement supérieur dans le même état que celui qui était le sien quand il y est rentré, c'est-à-dire titulaire du bac, sans plus.
Après le succès au bac, 95 % des bacheliers généraux, 85 % des bacheliers technologiques et 47 % des bacheliers professionnels poursuivent des études supérieures. Au total, un bachelier sur dix seulement ne poursuit pas d'études supérieures. En trente ans, le nombre de bacheliers a doublé. Depuis 1995, la proportion des bacheliers dans une génération stagne autour de deux jeunes sur trois.

Le parcours des étudiants entrant en première année de licence en 2004 est maintenant connu. Près d'un sur deux a réussi sa première année en un an, un sur cinq a redoublé dans le même cursus, et un sur quatre ne s'est pas réinscrit en université, sans pour autant toujours quitter l'enseignement supérieur. En effet, un bon nombre des nouveaux bacheliers se sont inscrits après le bac en première année de licence faute d'avoir obtenu une filière plus adaptée à leur souhait, une section de technicien supérieur notamment.


Deux facteurs expliquent très largement le taux de succès en première année de premier cycle : la série du bac (général, technologique ou professionnel) et l'âge auquel l'étudiant a obtenu son bac. Près de trois étudiants nouveaux en première année sur quatre proviennent du bac général. Plus de deux lycéens sur cinq qui ont passé le bac « à l'heure », c'est-à-dire maintenant à dix-huit ans ou en avance, obtiennent leur première année de licence en un an, mais seulement un bachelier sur quatre en retard d'un an lors du bac obtient sa première année en un an. Quant aux étudiants en retard au moment du bac de plus d'un an, ils ne seront plus que un sur six à obtenir leur licence en trois ans. L'âge au moment du bac n'est en fait que le signe des difficultés rencontrées par les lycéens au cours de leur scolarité traitées par des redoublements, dont on voit là le peu d'efficacité.

Les étudiants provenant des séries technologiques et professionnelles ont un type de profils de cursus plus accentué : seulement un bachelier technologique sur dix et un bachelier professionnel sur vingt, à l'heure au moment du bac, obtiennent leur première année de licence en un an.

Enfin, dans toutes les séries du bac général ou technologique, les filles ont de meilleurs résultats que les garçons.

Les efforts faits dans les lycées et les universités pour améliorer l'orientation des élèves sont considérables depuis quatre ou cinq ans. Si l'on juge simplement sur la satisfaction des élèves, le succès est là, puisque neuf nouveaux bacheliers sur dix disent avoir obtenu l'orientation qu'ils voulaient. Si l'on juge sur l'adéquation entre le parcours déjà effectué et le parcours à venir, il reste encore des marges d'amélioration. L'augmentation considérable du nombre de candidats en première année de médecine pour un numerus clausus en croissance certes, mais nettement moins rapide, n'est guère satisfaisant. Dans le sens inverse, les bacheliers les plus fragiles se détournent des études longues de licence plus souvent qu'il y a quinze ans, qu'il s'agisse des bacheliers avec seulement une mention passable, cas de la moitié des bacheliers, ou des bacheliers technologiques en retard pour passer le bac. Quant aux bacheliers professionnels, un sur vingt seulement tente des études de licence où leurs chances de réussite sont très faibles, mais quatre sur dix s'orientent vers une section de techniciens supérieurs dont la moitié en alternance avec un contrat de professionnalisation. Les efforts d'orientation commencent à produire des effets encourageants.

Finalement, un étudiant sur sept quitte l'université après quatre années de présence sans avoir réussi à décrocher le moindre diplôme ; voilà le vrai chiffre du taux d'échec et non pas un sur deux comme certains se complaisent à le dire. Pourquoi ne pas parler aussi des succès ? Plus d'un étudiant sur deux réussit sa licence en trois ou quatre ans après le bac (1).

Daniel Vitry est professeur à l'université Paris-II(1) Données de la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance, ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche.

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