Qui est encore assez naïf pour le croire ? Les législatives aujourd'hui en Afghanistan seraient une étape de plus vers la démocratie, donc vers la paix et la consolidation de l'État afghan... C'est ce qu'osent prétendre Américains et Européens pour justifier le maintien de leurs troupes dans ce pays de plus en plus incontrôlable. En réalité, déjà largement aux mains des talibans et autres moudjahidines.
Une bien curieuse « démocratie » ! L'assemblée nationale afghane se réduit à une chambre d'enregistrement qui fonctionne au bakchich, donc fluctuante au gré des largesses consenties aux « partis » d'origine tribale ou ethnique. Puis, en raison de l'immunité accordée aux élus, cette assemblée se confond vite avec un confortable refuge pour les affidés des seigneurs de la guerre, les trafiquants d'opium et autres profiteurs de la corruption généralisée. D'ailleurs, la grande majorité des candidats à ces législatives est issue des divers groupes armés et/ou des cartels de la drogue. Et tant pis pour les authentiques démocrates dont de nombreuses jeunes femmes qui ne peuvent opposer que leur courage.
A la pourriture du régime Karzaï, réélu président l'an dernier dans des conditions tellement inacceptables que même le grand protecteur américain a réagi (mais mollement), s'ajoute le danger imminent. Celui que font planer les talibans - et autres groupes combattant l'« occupation étrangère » - sur ces élections dites démocratiques. Avec des conséquences dramatiques pour les soldats américains et européens obligés d'exposer leur vie pour garantir des élections « libres » au profit d'un régime corrompu. De surcroît, un régime imprévisible au point de vouloir négocier avec le mollah Omar, le chantre de l'intégrisme taliban et de la charia, réfugié au Pakistan, autre « allié » pour le moins douteux !
Que les États-Unis, tout en sortant la tête basse de leur aventure irakienne, persistent dans une stratégie afghane qui n'a rien donné reste leur affaire. Que les Européens continuent à se prêter à cette sanglante mascarade, au nom de l'OTAN, est incompréhensible. Comme si, il y a quarante ans, l'Alliance atlantique avait soutenu les régimes fantoches de Saïgon mis en place par Washington dans la guerre du Vietnam. A l'époque, les Européens avaient su dire non.
Et qu'on ne dise pas que le terrorisme islamiste doit être combattu dans l'Hindou Kouch, à Kandahar, Kaboul ou ailleurs dans un Afghanistan en proie à toutes les factions. Non, mais aux portes de l'Europe, voire à l'intérieur de ses frontières, comme l'attestent les menaces actuelles !
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