Nul ne peut affirmer avec certitude que les inondations au Pakistan, en Inde et en Chine, ou l'exceptionnelle canicule en Russie sont les produits meurtriers du réchauffement de la planète. Les scientifiques manquent encore de modèles pour parvenir à des conclusions aussi mécaniques. Il faudrait pouvoir mettre en évidence une augmentation significative, sur une longue période, de la fréquence des sécheresses extrêmes ou des précipitations exceptionnelles avant de mettre en cause l'augmentation des rejets de gaz à effet de serre.
Mais la concomitance de ces catastrophes naturelles apparemment « anormales » rappelle aux grandes nations l'impératif climatique. Depuis l'échec du sommet de Copenhague, en décembre dernier, il s'était dilué dans les espoirs de reprise. Avec la croissance revenue, le monde allait repartir comme avant. L'environnement pouvait attendre...
Les tragédies asiatiques, les incendies de la région de Moscou ou le détachement, au Groenland, d'un iceberg de la taille de la Belgique cinglent comme un avertissement pour nos sociétés occidentales et celles des pays émergents : elles mettent en lumière les dangers d'un attentisme doublement destructeur.
Le soin que l'humanité apporte dès aujourd'hui à sa planète ne conditionne pas seulement le bien-être des générations futures. Il est aussi le garant des équilibres géopolitiques du présent. On découvre que les catastrophes écologiques peuvent avoir autant d'impact que des guerres parce qu'elles ont un pouvoir de déstabilisation considérable sur les régimes en place.
L'impuissance de l'Etat russe face au feu est en train de ruiner les discours conquérants et allégoriques de Poutine et Medvedev. La Chine, elle, s'aperçoit que la course au développement effrénée peut provoquer des ravages extrêmement coûteux, et pas seulement en vies humaines. Mais c'est dans le très stratégique Pakistan que les conséquences pourraient être les plus immédiates et les plus lourdes. Dans cette démocratie fragile où le président est contesté et l'armée soupçonnée de double jeu dans ses relations avec le terrorisme islamique, les pluies diluviennes et le chaos qu'elles charrient pourraient être plus périlleux que les bombes.
Efficaces sur le terrain, proches des victimes, les ONG islamiques fondamentalistes savent parfaitement profiter des situations de détresse et prospérer sur la misère. Elles l'ont déjà montré à Gaza, où elles ont permis au Hamas de gagner les élections et de régner en maîtres sur la population palestinienne de ce territoire à la dérive. Dans un Pakistan nucléaire, on imagine les risques pour le monde qu'entraînerait ce processus du pire.
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