TOUT EST DIT

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samedi 14 août 2010

Juppé, opposant de l'intérieur

L'ancien Premier ministre Alain Juppé met en garde, sur son blog, la majorité sur des "exagérations" en matière de lutte contre l'insécurité. Visant la déchéance de la nationalité, il ne veut pas d'un texte de loi qui soit "de pure circonstance" et "peu compatible avec nos valeurs fondamentales".

Le virage sécuritaire du gouvernement n'en finit plus de susciter des oppositions au sein de la majorité. Et, après quelques voix discordantes issues de la droite, ce sont désormais les "figures" de la majorité qui affichent leur droit à la "nuance". Discrètement et depuis son lieu de villégiature, Alain Juppé a rejoint Gérard Larcher et Eric Besson en publiant une longue tribune sur son blog. Un texte dans lequel l'ancien Premier ministre estime que la politique sécuritaire, si elle est une priorité, ne doit pas conduire à des "exagérations" et qu'un durcissement de la loi peut se justifier, à condition que le nouveau texte "ne soit pas de pure circonstance". Dans le viseur du maire de Bordeaux, la volonté du président de la République de déchoir de leur nationalité les personnes d'origine étrangère ayant attenté à la vie d'un représentant de l'autorité publique.

L'ancien membre du premier gouvernement Fillon se démarque sans en faire trop. Il dit vouloir s'exprimer sur le sujet "avec mesure": "La sécurité est bien la première des libertés, ou, en tout cas, une liberté fondamentale", concède-t-il d'entrée de jeu. Mais la France "n'est pas à feu et à sang" et a accompli "des progrès indéniables" dans la lutte contre l'insécurité depuis quelques années, ajoute-t-il. Et, donc, "la priorité sécuritaire ne doit pas non plus conduire à des exagérations, peu compatibles avec nos valeurs fondamentales", avance l'édile girondin.
Rocard "perd le sens commun"

Un durcissement de la loi peut selon lui s'avérer nécessaire "à condition que la loi nouvelle ne soit pas de pure circonstance et surtout qu'elle soit applicable et appliquée dans la durée". "Je ne suis pas sûr que ce soit toujours le cas. Souvent les textes en vigueur suffiraient, s'ils étaient vraiment appliqués", ajoute-t-il en citant l'exemple, invoqué par Gérard Larcher dans une interview au Figaro, des textes existants sur les motifs de déchéance de la nationalité. Et Alain Juppé de citer un Bordelais célèbre, Montesquieu: "Quand il n’est pas nécessaire de faire une loi, il est nécessaire de ne pas en faire".

Autre manière de prendre ses distances sur la question de la sécurité, critiquer la façon dont certains au gouvernement ou à l'UMP se sont réjouis du sondage Ifop pour le Figaro montrant qu'une large majorité des personnes interrogées approuvait les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy. "L’argument selon lequel une mesure recueille la faveur des 'sondés' est à manier avec modération", explique ainsi l'ancien Premier ministre. "Il est probable que, si au lendemain d’un crime odieux, on demandait, par sondage, aux Français leur opinion sur le rétablissement de la peine de mort, leur réponse serait sans ambiguïté. Faudrait-il pour autant suivre la tendance majoritaire? Ou croyons-nous toujours qu’il existe des principes eux aussi 'fondamentaux'?".

Equilibriste, le maire de Bordeaux s'indigne de la "démesure" des critiques émises par la gauche, et notamment par Michel Rocard: "Malgré toute l'estime et même l'amitié que j'ai pour lui, je trouve que Michel Rocard, lorsqu'il évoque Vichy et le nazisme, perd le sens commun". Un numéro de funambule qui ne fera pas oublier le scepticisme de l'ancien Premier ministre.

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