C'est une petite note d'une trentaine de pages, publiée au début de l'été mais passée inaperçue pour cause d'affaire Woerth. Intitulée Dette publique, inquiétude publique, celle-ci n'est certes pas du genre que l'on feuillette distraitement sur une serviette de bain au bord d'une plage. Elle mérite pourtant que l'on s'y arrête, et qu'on la décortique. La note se concentre sur la perception qu'ont les Français de la dette publique. Son auteur, Jérôme Fourquet, est le directeur adjoint du département opinion publique de l'Ifop. Et si cette étude (elle brasse une quantité impressionnante de sondages d'opinion) lui a été commandée par la fondation pour l'innovation politique qui appartient à la sphère de l'UMP, celle-ci est sans complaisance pour la majorité. Un exemple, le grand emprunt : Fourquet démontre que Nicolas Sarkozy s'est totalement fourvoyé en le défendant. Car les Français, dans leur immense majorité (65 % d'entre eux), l'ont d'abord vu comme une décision qui alourdissait la dette publique. Et pas du tout comme un outil pour relancer la machine économique.
Outre une foultitude de chiffres croustillants - comme celui-ci : entre novembre 2007 et novembre 2009, le pourcentage de fonctionnaires "enthousiastes" à l'idée d'une réforme de l'État a été divisé par deux -, le principal enseignement de cette étude, c'est que les Français sont, aujourd'hui, quelle que soit leur appartenance politique, extrêmement préoccupés par l'aggravation de la dette publique, ce qui n'était pas du tout le cas il y a encore quelques années (les trois quarts des Français se déclarent aujourd'hui inquiets de la montagne de dettes qu'eux ou leurs descendants devront rembourser).
Les Français sont inquiets, soit, mais, et c'est là que les chiffres prennent une saveur toute particulière : selon qu'ils sont de droite ou de gauche, leur inquiétude n'a pas les mêmes causes. Les sympathisants de l'UMP jugent (à 52 %) que la flambée de la dette publique a pour origine les déficits des organismes sociaux. Tandis que les sympathisants PS estiment (à 73 %) que la faute en revient d'abord à l'État. Décryptage : pour les premiers, le modèle social français est trop coûteux, trop généreux, trop laxiste, etc. Pour les seconds, ce sont les exonérations fiscales en tout genre (bouclier fiscal, niches fiscales, allègements de charges aux entreprises, etc.) qui ont généré les déséquilibres budgétaires.
Voici donc un vrai clivage politique. Il rend davantage surréaliste le débat sémantique du printemps - rigueur/relance/rilance entre l'UMP et le PS. Il prouve une chose : les Français savent que cette dette ne s'évaporera pas toute seule. Ils ont réellement envie de débattre de la meilleure façon de s'en débarrasser. Quel dommage que les politiques n'y soient, eux, absolument pas disposés.
samedi 14 août 2010
Dette de droite et dette de gauche...
LA CRASSE MENTALE DES GAUCHISTES AJOUTE UNE DIFFICULTÉ DANS LA PÉDAGOGIE DE LA DETTE
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