TOUT EST DIT

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jeudi 17 juin 2010

Sarkozy : une réforme des retraites « efficace et juste »

Mercredi, le chef de l'État a demandé à ses ministres de faire preuve de «discipline» pour défendre le texte.

Les dés sont jetés. Après une longue attente, Nicolas Sarkozy a franchi le Rubicon de «la» réforme qui lui ouvrira ou non la voie vers un second mandat. Avec, en tête, une ruse de général romain : proposer aux Français de gravir une pente plus raide pour atteindre plus vite le sommet d'une montagne moins haute. Le chef de l'État a préféré placer la barre de l'âge légal de la retraite à 62 ans en 2018 plutôt qu'à 63 en 2030. Mais en renonçant à «la montagne haute», il a néanmoins durci l'effort auquel les Français devront se résoudre pour faire valoir leurs droits à la retraite. Mercredi, lors du Conseil des ministres, Nicolas Sarkozy s'est contenté d'une courte déclaration solennelle. Il a indiqué que cette réforme était «empreinte d'efficacité et de justice». Elle «va permettre le retour à l'équilibre (du) système par répartition en 2018 et elle apporte donc une vraie réponse, une solution aux besoins de financement actuels du système des retraites», a notamment souligné Nicolas Sarkozy.

François Fillon a, lui, salué « une réforme très ambitieuse et équilibrée». «Très ambitieuse parce que le rythme retenu, allonger de quatre mois par an jusqu'en 2018, était un rythme très soutenu et qui n'avait pas été retenu par d'autres pays autour de nous», a-t-il expliqué.

«Faire preuve de discipline»

Contrairement aux premiers comptes rendus qui ont pu filtrer avant l'arbitrage, le débat sur l'âge a vite été tranché. «Il n'y a pas eu de grosses batailles idéologiques comme au moment du grand emprunt, parce que, en dernier ressort, il s'agissait d'un dosage d'acceptabilité très politique qui était avant tout de la responsabilité du président», raconte un proche. Ainsi, le conseiller social Raymond Soubie plaidait, contrairement à ce que laissaient entendre les entourages, pour un report de l'âge légal jusqu'à 63 ans. «C'est le président qui a eu l'idée d'accélérer la montée en puissance du système en demandant aux Français de passer d'un trimestre de cotisation supplémentaire par an à quatre mois. Cela nous a semblé être un bon équilibre», confie Soubie.

Le chef de l'État est certes l'auteur de cette réforme. Mais il laisse pour le moment le collectif gouvernemental s'exprimer. Mercredi, Nicolas Sarkozy a demandé à ses ministres de «faire preuve de discipline». Il les a invités, un brin ironique, à défendre cette réforme «en fonction de leur fibre sociale», sans préciser lesquels devaient s'abstenir. Et il a demandé à Éric Woerth, ministre du Travail, François Fillon et le porte-parole, Luc Chatel, de faire le boulot.

«Les marchés et la rue»

La seule victoire gouvernementale, à ce stade, est d'avoir fait tomber en deux mois «le tabou des 60 ans». «Le dogme était très installé dans l'opinion, et les Français ont évolué de façon spectaculaire sur ce sujet, y compris les fonctionnaires», se félicite un conseiller. Désormais, une autre partie se joue. «Nous sommes désormais face à deux joueurs aux réactions imprévisibles : les marchés et la rue», commente un conseiller pour décrire les difficultés qui attendent le gouvernement.

Pour la suite des événements, le chef de l'État sait qu'il ne peut pas compter sur l'accord des partenaires sociaux. «Nous ne toucherons pas aux 62 ans, ni au rééquilibrage entre le privé et le public», avance d'ores et déjà Raymond Soubie. En revanche, il y aura «du grain à moudre» sur d'autres chapitres, comme la pénibilité ou les carrières longues.

Moins volubile

Au total, entre les annonces d'économies faites par François Fillon et celles réalisées grâce à la réforme des retraites, l'Élysée estime que, contrairement aux apparences, «la France est aussi sérieuse que l'Allemagne». «Berlin parle dur et agit mollement, et Paris parle mou et agit durement», ironise un conseiller du chef de l'État.

Cette réforme très attendue a en tout cas permis d'étalonner la nouvelle communication du chef de l'État. Pas moins présent, mais moins volubile, il a dosé ses interventions publiques au millimètre, revenant à un fonctionnement plus classique de la Ve République. Il s'est efforcé de cordonner plutôt que d'apparaître. L'Élysée se félicite notamment de la cohésion de la majorité. Tirant les leçons des errements sur la burqa, l'exécutif et le Parlement ne se sont pas déchirés. Du moins pas encore.

Le chef de l'État attend donc le bon moment pour s'adresser aux Français : «Nous avons quatre mois devant nous», tempère son entourage. «Il peut le faire de différentes façons, sous la forme d'une allocution télévisée très sobre, par exemple», commente un conseiller élyséen. Pour le moment, la sobriété est bien le maître mot.

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