TOUT EST DIT

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mercredi 30 juin 2010

General Motors, le malaise

L'automobile américaine a deux visages. Le premier, souriant, est celui de Tesla, un des pionniers du véhicule électrique. Une « start-up » qui entre en Bourse pour prouver que l'auto peut s'inspirer de la high-tech ; que même sur un marché relativement mature l'on peut se différencier en innovant. Prise de risques, pari technologique… Tesla est à l'image d'un capitalisme yankee qui, mille fois, au cours de son histoire, a su se renouveler en misant sur l'avenir bien plus qu'en se penchant sur son passé.

L'autre visage, plus grimaçant, est celui de General Motors (GM). L'ex-numéro un mondial de l'automobile qui perdait encore près de 90 millions de dollars par jour en 2008 avant de faire faillite enclenche lui aussi un processus de retour en Bourse que l'on nous promet déjà triomphant. D'ici à la fin de l'année, si aucun cataclysme financier ne s'abat sur la planète, le champion déchu de l'auto « made in USA » sera à nouveau coté sur un marché boursier qu'il avait piteusement abandonné en mai 2009. Plombé par des dizaines de milliards de dollars de dettes et incapable d'assumer la retraite ou les frais de couverture santé de ses salariés, ce constructeur déjà en perte de vitesse avant même que n'éclate la crise financière a depuis été sauvé par le contribuable américain et plus de 50 milliards de dollars de fonds publics.

Politiquement et socialement, l'administration Obama n'avait pas le choix. Un dépôt de bilan de GM aurait été une catastrophe tant humaine qu'économique qui de toutes les façons aurait eu un terrible coût pour une collectivité américaine déjà confrontée à l'une des pires récessions de son histoire.

Le retour à Wall Street programmé de GM laisse tout de même comme un arrière-goût de malaise. Non seulement ce sauvetage, à l'approche des élections législatives américaines de mi-mandat de novembre prochain, fera l'objet d'une terrible récupération politique. Mais surtout, sur le terrain économique, ce « come-back » a quelque chose d'indécent. La capitalisation boursière de GM pourrait atteindre les 80 à 90 milliards de dollars, soit plus que n'importe quel constructeur à l'exception de Toyota et deux fois celle d'un Ford n'ayant reçu aucune aide. Il ne faudrait pas que, demain, les actions de GM dopées aux fonds publics se transforment en assignats permettant à l'Américain de racheter certains de ses concurrents. GM était sans doute trop gros pour mourir. Mais devait-il pour autant être si gros au moment de sa « renaissance » ?


DAVID BARROUX

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