TOUT EST DIT

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lundi 28 juin 2010

Le G20 entérine le virage de la rigueur budgétaire

Les chefs d'Etat des nations industrialisées se sont engagés à Toronto à diviser par deux leurs déficits budgétaires avant 2013. L'instauration d'une taxe bancaire est en revanche laissée au libre arbitre des Etats.
L'Allemagne peut être ravie. A l'issue du sommet du G 20, hier à Toronto, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays industrialisés, à l'exception du Japon, se sont en effet engagés à réduire de moitié leur déficit budgétaire d'ici 2013 ainsi qu'à stabiliser, voire réduire, leur endettement public d'ici 2016. Un peu plus tôt dans la matinée, la chancelière Angela Merkel s'était montrée des plus réjouies « C'est plus que j'attendais, c'est un succès » avait elle déclaré en marge du sommet. Néanmoins, comme l'a souligné le président français, Nicolas Sarkozy, lors de sa conférence de presse finale, cet objectif « est moins important que les engagements pris par les européens », rappelant que la France s'est engagée à ramener son déficit à 6 % et à 3 % en 2013. L'engagement du G20 ne se traduira pas par des mesures budgétaires supplémentaires dans l'immédiat. En outre, comme le stipule explicitement le texte final, « il est (…) évident que l'assainissement devra s'amorcer en 2011 dans les économies avancées, et plus tôt encore dans les pays actuellement aux prises avec d'importants déficits budgétaire », comme la Grèce ou la Grande Bretagne. En effet, les plans de relance mis en place à l'issue de la crise feront encore sentir leurs effets cette année. « Il est possible que les ajustements budgétaires menés simultanément dans plusieurs grandes économies nuisent à la reprise », avertissent les Chefs d'Etat. Mais, il est également possible que l'absence de mesures d'assainissements là où elles sont nécessaires mine la confiance et ralentisse la croissance. Concession faite sans doute aux Etats-Unis et au Canada, les plans d'austérité ne doivent pas menacer une reprise encore fragile. Les craintes exprimées par les Etats-Unis qui veulent éviter un scenario semblable à celui des années 1930 où une rigueur budgétaire trop tôt adoptée avait plongé le monde dans la dépression constituent un filigrane du texte final.

Dans une ville en proie à de violentes manifestations de la part des altermondialistes qui ont conduit à l'arrestation de près de 600 personnes, les Chefs d'Etat et de Gouvernement se sont évertués à trouver un subtil équilibre entre croissance et rigueur budgétaire. Mais également une croissance plus équilibrée. Cet objectif repose notamment sur une meilleure flexibilité des taux de change et au renoncement à toutes mesures protectionnistes. Si dans un premier temps le G20 devait adresser un satisfecit explicite à la Chine pour la réforme de sa politique de change annoncée la semaine dernière, les leaders du G20 ont seulement appelé «les pays émergents avec un excédent» commercial à «accroître la flexibilité» de leur taux de change. Pour des raisons de politique interne, le président Hu Jintao a obtenu que le nom de la Chine disparaisse du communiqué final.
En matière commerciale, les chefs d'Etat ont prolongé de trois ans, jusqu'en 2013, leur engagement de ne pas mettre en oeuvre des barrières commerciales et réitéré leur volonté de conclure le cycle de Doha au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce. Nicolas Sarkozy, d'un ton ironique, s'est réjoui de cette mention répétée depuis de nombreuses années. Mais, à ses yeux, pour aboutir à des résultats, « il faut changer de méthode, impliquer les présidents et les Premiers ministres » dans les négociations. Le cycle semble bien moribond pour que le G20 ne mentionne aucune date butoir. Le président américain a d'ailleurs indiqué que les propositions actuellement sur la table ne satisfaisaient pas les Etats-Unis et que d'importantes modifications devraient y être apportées. En l'état, les Etats-Unis perdraient leur avantage comparatif par rapport à d'autres pays dans le domaine des services.

Sur le plan de la régulation et de la supervision financière, là encore, les chefs d'Etat du G20 ont sauvé les apparences d'un consensus. Le texte réitère l'engagement des Etats à promouvoir un système financier mieux régulé et plus robuste. Paris et Berlin ont pesé de tout leur poids pour l'adoption d'une taxe sur les banques destinés à éviter tout risque systémique à l'avenir. L'opposition de certains pays a abouti à un demi succès. Le communiqué stipule que la taxe est l'un des outils pouvant être mis en place parmi d'autres comme le renforcement des fonds propres des banques. Nicolas Sarkozy s'est pourtant satisfait que le mot même de taxe bancaire soit mentionné explicitement dans un communiqué du G20. « La France a obtenu le cadre qu'elle souhaitait. C'est un progrès et la décision de la France, de la Grande Bretagne et de l'Allemagne d'introduire cette taxe fera tache d'huile », a-t-il prédit. Pas si sûr alors que le Canada, accompagné de l'Australie, du Japon et de l'Inde notamment sont fermement opposé à cette taxe. Les autres sujets relatifs aux normes comptables des banques, aux règles de renforcement des capitaux propres, à la surveillance des paradis fiscaux n'ont pas fait l'objet d'avancées majeures. De nombreuses décisions seront prises lors du sommet du G20 à Séoul en novembre prochain. Comme l'a souligné Nicoals Sarkozy, « tous les sommets ne peuvent pas donner lieu à des décisions historiques » et spectaculaires. Ce sera peut être le cas l'an prochain lorsque la France présidera le G20. Avec le directeur général du FMI, Dominique Strauss Kahn, lequel partage la même vision de l'organisation future du système monétaire international, Nicolas Sarkozy a de grandes ambitions en 2011.

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