TOUT EST DIT

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lundi 28 juin 2010

Avec la crise, les Français ne croient plus dans leurs élites

Défiance envers les politiques, désamour envers les sportifs, dépit à l'égard du patronat, déclassification des intellectuels. A la crise économique, s'ajoute une crise des élites dans le pays. Autopsie de plusieurs fiascos

Les inventeurs de la carte à puce, de la magnétorésitance, du développement de la métathèse dans la synthése organique, du virus VIH sont tous Français. Le premier Roland Moreno, auteur de plusieurs ouvrages pertinents sur l'économie et la société, n'a jamais été associé à la moindre réforme d'importance concernant le pays. Le deuxième Albert Fert, prix Nobel de physique, est surtout célèbre chez ses anciens collègues des universités de Toulouse et Grenoble. Le troisième, Georges Chauvin n'est pas le Lyonnais le plus célèbre du moment. Le quatrième, le professeur Luc Montanier, s'est exilé en Amérique.

La France admire et décore ses inventeurs, se gargarise de ses prix Nobel, une fois l'an. Mais elle les associe rarement à la marche collective du pays et de la société. Nos meilleurs chercheurs, nos plus brillants cerveaux sont confinés dans leurs labos, épluchent des données étrangères aux non-initiés et planchent sur leurs publications confidentielles. Cette élite reconnue pour sa pertinence scientifique, son sens de l'éthique, sa capacité d'invention n'accède pas à l'exposition politico-médiatique qui lui donnerait valeur d'exemple.

Du coup, une autre élite s'est construite, par l'habileté ou la télé, le culot ou les réseaux et elle est aujourd'hui en crise. Jusqu'à présent, cette défiance de la population pour ceux qui sont censés la représenter est restée masquée par le confort dont bénéficiait notre société, ne se manifestant qu'au hasard d'une élection (21 avril 2002) ou d'une indignation ponctuelle (manifs anti-CPE). Avec la crise tout court, la fracture apparaît au grand jour et s'aggrave. Jusqu'où ira cette défiance ? Les répercussions électorales et sociales se verront dans les deux ans à venir.

Pascal Jalabert

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