TOUT EST DIT

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mercredi 2 juin 2010

La balle est dans le camp sud-africain


Organiser une Coupe du monde est désormais une affaire d'État. Les retombées économiques, le bénéfice politique potentiel, les risques en matière de sécurité et la recherche d'une plus grande cohésion sociale, tout ce qui compte dans la conduite des affaires d'un pays est en jeu. Cela est vrai pour l'Afrique du Sud qui, durant un mois, va accueillir la planète foot, avec une charge symbolique bien particulière.

Sa désignation a été saluée à juste titre par tout un continent. La responsabilité d'orchestrer l'événement le plus populaire de la planète change inévitablement le regard porté sur le pays organisateur. Ce n'est pas un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, mais cela y concourt peut-être.

La charge symbolique vient aussi de l'histoire édifiante qu'incarne ce pays. Bénie des dieux par une nature exceptionnelle, l'Afrique du Sud était, il y a encore vingt ans, mise au ban de la communauté internationale, en raison du régime qu'y faisait régner la minorité blanche. La libération de Nelson Mandela ¯ et, avec elle, la sortie de l'apartheid de tout un peuple ¯ a été l'un des visages les plus nobles de la fin de la guerre froide. Comme un acte moral posé sur la scène internationale. Ce n'est pas si fréquent.

En 1994, lors des premières élections libres, un surnom fut ainsi attribué à ce pays, la nation arc-en-ciel, pour mieux dire que les clivages raciaux ne sont pas une fatalité. Cet élan lui a valu une quinzaine d'années de développement extraordinaire. Il représente la première économie du continent. Quatorze des vingt premières sociétés d'Afrique sont sud-africaines. La Bourse de Johannesburg figure parmi les dix premières au monde.

Parallèlement, son rôle politique s'est accru. Pretoria a multiplié les missions de médiation dans les crises du continent et participe activement aux missions de maintien de la paix des Nations unies au point d'être, à présent, le dixième contributeur mondial en casques bleus.

Le revers de cette médaille trop clinquante, c'est la permanence de fléaux chroniques. D'abord la pauvreté, accentuée par les retombées de la crise internationale. Sur 48 millions d'habitants, près de 10 % vivent avec moins d'un dollar par jour et la violence endémique frappe tout le pays.

Autre record négatif, celui du nombre de séropositifs. Un malade du sida sur six dans le monde est sud-africain. L'inertie du pouvoir sur ce dossier a longtemps aggravé la situation. Le nouveau cours introduit par le président Jacob Zuma depuis son élection, avec des investissements massifs dans la lutte contre la maladie, redonne enfin un peu d'espoir.

Quant à la question raciale, elle reste une ombre douloureuse. Depuis la fin de l'apartheid, l'émergence d'une bourgeoisie noire n'a pas compensé la permanence d'inégalités raciales. Les meurtres de fermiers blancs isolés continuent. Le récent assassinat du leader d'extrême droite Eugène Terre'Blanche fait craindre de nouvelles confrontations. Le racisme xénophobe s'y ajoute, comme on a pu le constater lors des violences dont les travailleurs immigrés zimbabwéens ont été victimes en 2008.

Pour toutes ces raisons, la Coupe du monde est la bienvenue, afin de redonner un élan à ce pays. À condition que le sport, outil à double tranchant de ce point de vue, ne serve pas de cache-misère.

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