La violence de l'armée israélienne contre la flottille qui voulait forcer le blocus de Gaza a écoeuré le monde entier. Était-il possible d'agir autrement ? Sans doute, car l'arraisonnement du dernier navire a été beaucoup plus calme. Mais il est vraisemblable que l'équipage et les accompagnateurs étaient aussi plus pacifiques que ceux du navire où il y eut trop de victimes.
Quoi qu'il en soit, le mal est fait et l'image d'Israël davantage dégradée. Sans doute, le gouvernement israélien a-t-il tenu à montrer son intransigeance pour éviter d'être débordé par une noria de navires venant, semaine après semaine, miner le blocus de Gaza et faisant ainsi perdre la face à l'État hébreu.
Mais, derrière tout cela, on peut se demander si certains, en Israël, ne voient pas, dans la prolongation des tensions et même dans leur aggravation, le plus sûr moyen de survivre. En effet, c'est quand il se sent menacé qu'Israël rassemble au mieux son peuple. C'est alors que l'union nationale devient la plus solide, la cohésion la plus grande. C'est aussi dans ces moments-là que les soutiens extérieurs des « amis » à l'étranger se font les plus efficaces.
De plus, on a senti la gêne de certains pays, y compris des États-Unis qui, bien sûr, n'approuvent pas la réaction du gouvernement Netanyahu et de son armée. Mais ils la condamnent assez mollement. Tout se passe comme si les États-Unis n'arrivaient pas à infléchir vraiment les positions des plus durs. On l'avait déjà constaté avec les colonies. On le voit encore aujourd'hui dans cette action spectaculaire.
Saisir le premier casus belli
Ce qui devient inquiétant est que l'on peut se demander si, un jour, les plus extrémistes du régime israélien ne seront pas tentés de prendre tous les risques. Ils estiment, en effet, que le temps joue contre eux dans les discussions qui s'éternisent avec l'Iran.
Ce pays, grâce aux délais qui lui sont ainsi procurés et malgré les diverses sanctions dont il fait l'objet, peut continuer à progresser dans la fabrication d'un armement nucléaire et de ses vecteurs qui, utilisés contre Israël, mettraient en péril son existence même. Et n'est-ce pas le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui parlait de rayer Israël de la carte ? Dans ces conditions, la tentation peut venir aux Israéliens de prendre les devants, par exemple en attaquant les sites iraniens. Les réactions seraient évidemment nombreuses, mais les extrémistes pourraient alors tenir le raisonnement que les États-Unis seraient bien contraints d'entrer dans le conflit aux côtés de l'État hébreu.
On voit où une telle aventure pourrait entraîner le monde. Chacun sait, en effet, que, par exemple, les approvisionnements en pétrole seraient compromis pour tous et que chacun voudrait à tout prix tenter de les rétablir. Bref, un tel conflit se généraliserait et Israël se trouverait, du moins certains le pensent-ils, soutenu efficacement, au moins pour un temps...
La violence du gouvernement israélien contre la flottille se rendant à Gaza montre qu'Israël peut aller très loin. Qu'en sera-t-il si de nouveaux bateaux, iraniens cette fois, voulaient à leur tour forcer le blocus ? Il en a été question. L'excuse serait alors toute trouvée pour que les Israéliens extrémistes réagissent à l'extrême en saisissant un tel casus belli.
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