TOUT EST DIT

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dimanche 23 mai 2010


Vendre Normale n'est plus élémentaire

Parce que la voie était royale, leur destin était souvent impérial. Que de normaliens devenus célèbres par leurs travaux scientifiques, tels Pierre-Gilles de Gennes ou Louis Neel, tous deux prix Nobel, par leurs ouvrages littéraires à l'instar d'Aimé Césaire ou Jean Giraudoux, par leur réflexion philosophique comme Raymond Aron ou Jean-Paul Sartre, et même par leur action dans le champ politique à la manière d'Alain Juppé ou Laurent Fabius.

Bref, quand on sortait d'Ulm, de Cachan ou de Fontenay, on avait toujours une place de choix dans la société sans avoir besoin de prouver que l'on était quelqu'un. C'était écrit dans le parchemin. Et même si l'on choisissait tout simplement l'enseignement, l'affectation était à la mesure du diplômé. Il ne fallait guère de temps pour rejoindre l'université. Aujourd'hui, ils ne sont plus tout à fait logés à la même enseigne... Le concours est toujours une redoutable épreuve, mais les brillants sujets qui décrochent la timbale ne sont plus assurés d'un rutilant avenir. Les postes en fac se font rares, et ils peuvent être nommés dans des établissements de zones difficiles où leur savoir n'est pas forcément valorisé. À quoi bon avoir bossé sur
la langue d'oïl d'Aucassin et Nicolette ou le choc des boules de Malebranche, s'il faut apprendre le français de base et la règle de trois à ses élèves... Ainsi la directrice de la rue d'Ulm voit-elle ses élites s'enquérir de juteux pantouflages en dehors de la sphère professorale. Il paraît que la "com et la pub" font désormais fureur. À telle enseigne que la célèbre institution multiplie les conventions avec certaines grandes écoles, style HEC, jugées plus adaptées au monde moderne. Certains n'en ont pas eu besoin pour devenir des stars. Il n'y a qu'à voir BHL. Pour lui savoir vendre Normale, c'était élémentaire.


Hélène Pilichowski

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