TOUT EST DIT

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mardi 25 mai 2010

La baisse de l'euro inquiète jusqu'en Chine

Jusqu'ici, la chute de l'euro était la seule bonne nouvelle issue de la crise que traverse actuellement l'union monétaire. Cela arrangeait bien les affaires des exportateurs de la zone euro. "L'euro baisse, et c'est tant mieux", estiment même les experts du Crédit agricole.

Mais la glissade de la monnaie unique s'accélère, et commence à gêner sérieusement les partenaires de l'Union européenne. D'autant plus que la crise, qui s'enlise au fur et à mesure que les bisbilles franco-allemandes s'amplifient, s'est encore traduite par un plongeon spectaculaire de l'euro en début de semaine. Mercredi 19 mai, la monnaie unique est descendue sous le seuil de 1,22 dollar. Pour mémoire, l'euro avait grimpé en juillet 2008 jusqu'à 1,60 dollar.
En outre, la monnaie unique se déprécie non seulement face au billet vert, dont dépend le yuan, mais aussi face au yen et au franc suisse. Et tout cela ne plaît pas beaucoup aux chefs d'entreprise de Chine, du Royaume-Uni ou de Suisse.

Vendredi 21 mai, les plus grands dirigeants de la planète semblaient avoir pris la mesure de la gravité de la situation pour l'Europe, mais aussi pour leurs propres économies. Le nouveau premier ministre britannique, David Cameron, a ainsi assuré qu'il souhaitait une zone euro "forte et stable". Le ministre chinois du commerce, Chen Deming, était plus explicite encore, adressant un message de soutien à la vigueur de la monnaie unique plus qu'à la bonne santé économico-politique du Vieux Continent. Pékin, a-t-il dit, "croit dans un euro stable et fort".

Ces messages bienveillants et intéressés ont donné un peu plus de crédit aux rumeurs qui circulaient la veille dans les salles de marchés. Il était question d'une intervention des banques centrales chinoise, japonaise et suisse pour soutenir le cours de l'euro.

La Banque centrale européenne (BCE) a-t-elle été de la partie ? Si les responsables de l'autorité monétaire martèlent que le niveau actuel de l'euro ne suscite aucune inquiétude, l'ampleur des mouvements observés ces derniers jours est, elle, une source de préoccupation.

Selon les experts de Natixis, la volatilité implicite sur l'euro est actuellement de 18. Ce qui signifie que les investisseurs s'attendent à ce que la monnaie européenne progresse ou chute de 18 % au cours des quatre prochaines semaines. Or les banquiers centraux en général, et la BCE en particulier, aiment l'ordre et la stabilité.

Les banques centrales peuvent-elles gagner contre le marché ? Vendredi, la monnaie unique a opéré un étonnant rebond, jusqu'à franchir le seuil de 1,25 dollar. Et, selon l'agence Bloomberg, les opérateurs seraient en train de dénouer leurs positions "short", qui permettent de parier sur une baisse de l'euro.

De fait, jouer l'euro à la baisse, en tout cas à court terme, est devenu un peu risqué. Vendredi, les ministres des finances de l'Union européenne se sont réunis à Bruxelles pour réfléchir aux moyens de renforcer la discipline budgétaire et de rassurer les marchés en tentant de mettre en sourdine leurs dissensions.

"Si, au cours du week-end, tout le monde se jette dans les bras l'un de l'autre, l'euro a des chances de remonter", indique René Defossez, stratège chez Natixis. En votant, vendredi, la loi autorisant l'Allemagne à contribuer au plan de stabilisation financière de 750 milliards d'euros, malgré l'hostilité de l'opinion publique, le Bundestag a déjà donné un signal positif.

A plus long terme, toutefois, les investisseurs pourraient continuer à se méfier de l'euro, car "la croissance européenne reste au ras des pâquerettes", rappelle M. Defossez.

Claire Gatinois

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