Accros pour beaucoup, les utilisateurs du réseau social Facebook n'acceptent plus que leurs données personnelles soient devenues tout public. Ils se sont donné rendez-vous pour supprimer leur profil, le 31 mai prochainA chaque nouvelle version, le réseau social de Mark Zuckerberg perd un peu plus en sécurité et en protection de la vie privée. Mais plus question de se laisser faire. Matthew Milan et Joseph Dee, deux internautes canadiens, ont lancé la 'Journée pour quitter Facebook'. Sur les 400 millions de membres du réseau, près de 14.000 personnes ont adhéré au Quit Facebook Day du 31 mai prochain. Une goutte d'eau. Parmi eux, combien auront réellement le courage de passer à l'acte ? Le défi est comparable à celui ''d'arrêter de fumer'' d'après les instigateurs du projet.
Où vont nos données personnelles ?
Lorsqu'on s'inscrit sur Facebook pour la première fois, il s'agit de fournir un grand nombre de données personnelles. Le nom, le prénom, la date de naissance, sont des informations habituelles que l'on donne aussi à son médecin. La différence est que ce dernier respecte le secret et la vie privée. Sur Facebook, rien n'est secret. Sauf si l'on prend le temps de décortiquer les 50 onglets de paramètres de son compte et que l'on parvient à régler les 170 possibilités disponibles. Véritable épreuve à laquelle beaucoup se refusent, au risque de ne pas contrôler la circulation de ses données privées. Or, un internaute connecté à Facebook a sa base de données activée, et lorsque celui-ci clique sur une publicité du site de réseautage, il envoie, sans le savoir, à l’annonceur son nom, son prénom et tout ce qu'il essaye habituellement de protéger dans la vie non virtuelle.
Récemment Facebook s'habillait d'un nouveau design, et perdait encore un peu plus en confidentialité. Selon la cellule de l’Union européenne chargée de la protection des données, ''il est inacceptable que Facebook ait modifié le réglage par défaut sur sa plate-forme de socialisation au détriment des utilisateurs''. Et pourtant, à chaque fois, les utilisateurs se plaignent, menacent de quitter le site, puis s'y font et rentrent dans le rang. L'addiction va très loin.
Dérive de Facebook ou de l'internaute ?
''Je ne sais pas pourquoi [mais] ils me font confiance. Putain d'abrutis''. Ces mots sont signés Mark Zuckerberg, le créateur et CEO de Facebook, en pleine discussion en ligne avec un ami, peu de temps après le lancement du site en 2004. Et il est vrai que la confiance des internautes a tout de surprenant. ''Sophie vient de se cogner l'orteil sur le coin de sa table'', ''Robin sort de la douche et va maintenant faire des pâtes'', autant de statuts inintéressants qui sont mis en ligne tous les jours par bon nombre d'utilisateurs et qui dénotent de la dérive que subit le site. L'intérêt de Facebook était avant tout de rester en contact avec ses amis et proches, sans pour autant tout savoir de leur vie à la minute près. Les internautes s'inquiètent de savoir que leurs photos de soirées puissent être vues par leur employeur, au risque de se faire licencier, comme cela a déjà été le cas. Mais alors pourquoi laisser circuler les photos de ses beuveries ? Ces photos ont-elles leur place sur Internet où l'on sait que les données ne sont que très peu protégées ?
Les internautes accusent Mark Zuckerberg de malveillance. Celui-ci pourrait bien leur rétorquer qu'il ne tient qu'à eux de faire attention à ce qu'ils rendent public. Mais celui-ci a finalement fait ses excuses, et assuré que :''Dans les semaines qui viennent, nous ajouterons à Facebook un système de contrôle des informations personnelles qui sera plus simple à utiliser. Nous vous donnerons également un moyen de bloquer facilement la transmission d'informations à d'autres sites.'' Sans oublier que le partage d'informations reste l'un des piliers du concept de son réseau social. ''Si nous donnons aux gens la possibilité de contrôler ce qu’ils partagent, ils voudront partager davantage. S’ils partagent davantage, le monde sera plus ouvert et plus connecté. Un monde plus ouvert et mieux connecté est un monde meilleur'', philosophait le jeune patron du site lors de son mea culpa.
Avant de pouvoir effacer définitivement son compte, il s'agit tout d'abord de trouver le formulaire de suppression, puis de patienter encore 14 jours sans se connecter. Mais pour ceux qui n'auraient pas le courage de passer à l'acte, le Protest Day est une alternative sympathique au projet. Le 6 juin sera une journée sans connexion, afin de marquer son mécontentement : ''Notre confidentialité n'est pas un privilège et n'est pas à vendre''.
Lauriane Rialhe
mardi 25 mai 2010
FACEBOOK – Et si on supprimait nos comptes ?
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