TOUT EST DIT

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vendredi 21 mai 2010

Euro : s'entendre avec l'Allemagne

Les témoins des réunions fébriles qui ont permis de calmer les marchés, le 10 mai, l'avouent. L'euro a vraiment risqué gros il y a deux semaines. Pour éteindre l'incendie, les seize pays membres de la zone euro ont étendu une large couverture de 750 milliards d'euros. Un calme relatif est alors revenu, mais le feu couve encore. La fébrilité des places financières, cette semaine, en témoigne. S'ils veulent véritablement transformer une crise en un progrès pour l'Union, les Européens doivent, dès aujourd'hui à Bruxelles, redoubler d'efforts et faire montre d'une cohésion et d'une volonté jusqu'ici plutôt défaillantes.

Les ministres des Finances se retrouvent, en effet, pour donner naissance à un groupe de travail dans le but d'améliorer la gouvernance économique européenne. Les Vingt-Sept vont notamment étudier l'idée, qui suscite des réticences dans de nombreuses capitales, de soumettre les budgets nationaux à un examen communautaire.

Sur la table, l'Allemagne entend surtout déposer une série de mesures particulièrement musclées. Berlin propose ainsi de soumettre les programmes de stabilité des différents pays à la Banque centrale européenne ou à des institutions indépendantes. Pour les mauvais élèves qui laissent filer leur déficit, l'Allemagne exige des sanctions en gelant certaines subventions européennes, voire en suspendant le droit de vote de ces pays. En outre, l'Allemagne aimerait voir ses partenaires la suivre en fixant dans leur Constitution un plafond chiffré pour les déficits. La proposition faite, hier, par Nicolas Sarkozy va dans ce sens. C'est l'une des rares convergences évidentes actuellement entre Paris et Berlin.

Plus vital que jamais, le couple franco-allemand est à la peine depuis des semaines. Sous la pression des marchés et de l'allié américain, la chancelière a bien accepté, le 7 mai, de participer au gigantesque plan de sauvetage, mais elle a dû, pour cela, faire une entorse au dogme, par ailleurs populaire outre-Rhin, de la rigueur. Le ralliement allemand a pu paraître une victoire française. À Athènes, à Madrid ou à Lisbonne, l'image de Nicolas Sarkozy est très positive. Le match n'est pas fini pour autant. Il y a même, depuis quelques jours, un air de contre-attaque qui souffle à Berlin.

On l'a vu mercredi. Angela Merkel a fait cavalier seul en annonçant l'interdiction des ventes à découvert de certains produits financiers. Une façon de reprendre la main, même si, de l'avis général, le volet financier exige tout autant de concertation que le volet budgétaire. La politique européenne d'Angela Merkel a alors paru d'autant plus incompréhensible que les inquiétudes françaises de voir un excès de rigueur abattre tout espoir de croissance sont partagées par de nombreux partenaires. En fait, ni Paris ni Berlin ne peuvent, seuls, asseoir un leadership efficace et juste dans la gestion de cette crise. Les déclarations, hier soir, de Nicolas Sarkozy et d'Angela Merkel semblent indiquer qu'ils veulent faire taire leurs divergences.

Il serait bon, en effet, de cesser d'afficher, le vendredi, une cohésion qui tombe sous le sens pour la démentir chaque lundi. Pas un jour ne passe sans que l'un des Vingt-Sept n'annonce une réduction des salaires de ses fonctionnaires ou des ponctions sur les retraites. On manifeste à Athènes, à Madrid, à Bucarest. Combler le manque de gouvernance européenne est d'autant plus urgent que, si la croissance ne redémarre pas, un autre manque risque bien vite de sauter aux yeux : l'absence d'Europe sociale.

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