TOUT EST DIT

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jeudi 1 avril 2010

Une députée Allemande en lutte contre le port du voile

Une députée allemande d'origine turque poursuit, malgré les menaces de mort, sa croisade pour inciter les musulmanes vivant en Allemagne à retirer leur voile.
« Mon intention, c'était de lancer un appel aux femmes en leur disant de prendre leur destin en main », explique Ekin Deligöz, vice-présidente du groupe parlementaire Les Verts. « Le mouvement féministe est fondé sur ce principe : vous les femmes, vous devez vous élever pour vos droits ! »
Le 15 octobre 2006, dans l'édition dominicale du quotidien le plus lu en Europe, Bild, elle s'adresse aux immigrées vivant en Allemagne, en majorité d'origine turque. « Vivez avec votre temps, soyez vraiment en Allemagne », écrit-elle. « Vous vivez ici, alors retirez votre voile ! Montrez que vous avez les mêmes droits en tant que citoyens et en tant qu'êtres humains que les hommes ! »

« Je vois dans le port du
voile un symbole politique »

Moins d'un an après « l'affaire » des caricatures de Mahomet publiées dans un journal danois, l'indignation du monde musulman ne demande qu'à se réveiller. Pluie de courriels injurieux. En Turquie, la presse se déchaîne. « Honte pour l'humanité ! », titre un quotidien. Elle est menacée de mort.
La responsable politique, qui fut l'une des premières députées d'origine turque élues en Allemagne, est placée sous protection 24 heures sur 24, comme sa famille.
« 90% des courriels que j'ai reçus venaient d'hommes et étaient très offensants », souligne-t-elle. « Les réactions ont été disproportionnées, c'est une bombe qui a explosé à ce moment-là ».
Trois ans et demi plus tard, assise dans son bureau fonctionnel du Bundestag, Ekin Deligöz ne désarme pas : « Si c'était à refaire, je le referais ».
Mini-jupe et Doc Martins aux pieds, cette femme de 38 ans est elle-même musulmane, issue de la communauté alévie. Cette minorité constitue entre 10% et 25% de la population turque, et les femmes ne sont pas voilées.
Arrivée à l'âge de huit ans en Allemagne, Ekin Deligöz a obtenu la nationalité allemande en 1997, un an avant son élection au Bundestag.
« Je vois dans le port du voile un symbole politique », explique-t-elle. « C'est le signe d'une domination patriarcale et masculine qui se définit par le fait que les femmes sont soumises ».

Menaces de mort

Plusieurs Allemandes d'origine turque mènent ce combat, souvent au péril de leur vie. L'avocate Seyran Ates, qui vient notamment en aide à des jeunes filles menacées de mariage forcé en Allemagne, a vu ainsi les menaces de mort se multiplier après la publication de son dernier livre L'islam a besoin d'une révolution sexuelle.
Elle refuse désormais les entretiens, arguant du fait qu'elle s'est retirée de la vie publique.
« Nous ne devons plus accepter les justifications religieuses au service de la séparation des sexes et qui désignent la femme comme "l'autre sexe", le sexe faible, qui a moins de valeur et qui est tentateur », écrivait-elle encore en octobre dans un magazine allemand.
Pourtant, admet Ekin Deligöz, retirer son voile ne signifie pas la fin des problèmes pour les femmes. « Le voile, c'est la partie émergée de l'iceberg », affirme celle qui dénonce aussi les violences conjugales ou l'absence totale de libertés pour certaines jeunes filles musulmanes.
Elle prône aussi l'interdiction du voile dans le système scolaire, qui n'est pas du ressort du gouvernement fédéral. Plusieurs Etats régionaux, dont trois des plus grands (la Rhénanie du Nord-Westphalie, la Bavière et le Bade-Wurtemberg), interdisent le port du voile pour les enseignantes.

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