TOUT EST DIT

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samedi 12 décembre 2009

M. Van Rompuy change les règles du Conseil européen

Pour la première fois depuis l'élargissement de 2004, ils n'ont pas eu besoin d'allumer leurs petits écrans pour se parler. Ils se voyaient "en vrai". Les dirigeants européens se sont retrouvés seuls, à vingt-sept autour d'une table qui paraissait soudain minuscule dans l'imposante salle du Conseil. Les ministres des affaires étrangères n'avaient cette fois pas été conviés et les plus proches conseillers ont dû rester hors de la pièce.
Le Belge Herman Van Rompuy ne prendra ses fonctions de président stable du Conseil européen que le 1er janvier, mais il a déjà pris en main la boutique lors du sommet des 10 et 11 décembre, à Bruxelles. L'ancien premier ministre belge a exposé ses projets devant ses pairs, soucieux d'appliquer à la lettre le traité de Lisbonne. Finies les réunions fleuves et pléthoriques. Le Conseil travaillera en format restreint. La chancelière allemande, Angela Merkel, a tiqué. Elle entend ménager ses partenaires de coalition, qui héritent toujours du ministère des affaires étrangères. Les Vingt-Sept sont convenus d'inviter leurs chefs de la diplomatie une fois par an. Pas plus.

M. Van Rompuy compte ravir la vedette à José Manuel Barroso, surtout si le président de la Commission persiste à faire des propositions économiques aussi timides. Ainsi, il a annoncé, pour février 2010, un sommet extraordinaire afin de "dégager une stratégie économique claire dans les six mois". Nicolas Sarkozy a ouvert les hostilités dès jeudi, en réclamant une révision de la politique de concurrence.

Certains font de la résistance au traité de Lisbonne, à l'instar des Espagnols qui assureront au premier semestre 2010 la présidence tournante de l'Union européenne (UE). Le premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero veut recevoir à Madrid les dirigeants d'Amérique du Sud mais aussi Barack Obama. M. Van Rompuy se rendra en Espagne mardi 15 décembre pour lui expliquer qu'il est désormais le patron.

Catherine Ashton, la nouvelle responsable de la diplomatie européenne, s'est déjà rendue à Madrid pour caler le partage des rôles avec l'Espagnol Miguel Angel Moratinos. La travailliste britannique a peu de marge de manoeuvre tant que sa nomination n'a pas été confirmée par le Parlement et que le service diplomatique européen n'est pas créé.

"SE SUPPORTER"

Surtout, Lady Ashton découvre son emploi du temps : elle doit participer chaque semaine à la réunion de la Commission, présider tous les mois les réunions des ministres des affaires étrangères, se présenter le plus souvent possible devant le Parlement, représenter chaque année l'UE dans plus de 70 réunions internationales. "Matériellement, elle ne pourra pas tout faire", constate un fonctionnaire européen. Mme Ashton aura donc besoin d'adjoints et les capitales s'empressent de lui faire des offres.

M. Sarkozy s'est lui aussi affranchi du protocole, en organisant une conférence de presse sur le climat avec Gordon Brown, vendredi matin, pour forcer la main aux plus récalcitrants de leurs partenaires. Leur manège a agacé Mme Merkel, qui a imputé la conférence à leur querelle sur la City. "Ils ont besoin de montrer qu'ils peuvent se supporter", a grincé la chancelière : "Ce n'est pas utile pour moi, je parviens à les supporter tous les deux."
Arnaud Leparmentier et Philippe Ricard (Bruxelles, envoyés spéciaux)

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