TOUT EST DIT

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jeudi 3 décembre 2009

Les Suisses auraient-ils voté tout haut ce que les Français pensent tout bas ?

Faut-il en parler ? Vaut-il mieux éviter ? Le débat ouvert dimanche par la votation des Suisses contre la construction de minarets dans leur pays a plongé le gouvernement français dans le plus grand embarras. Ce débat est-il pertinent dans le contexte français ? Si les membres de la majorité présidentielle sont partagés sur la question, force est de constater que la querelle des minarets n'a pas tardé à franchir les Alpes, sur fond de débat sur l'identité nationale et le port de la burqa.
Le porte-parole de l'UMP, Xavier Bertrand, fut l'un des premiers à allumer la mèche en déclarant dès dimanche sur RTL qu'on n'avait pas "forcément besoin" des minarets en France. Dès le lendemain, son adjoint, Dominique Paillé, soufflait sur la braise en affirmant sur France Info que, si les salles de prière sont "évidemment tout à fait indispensables", il n'en va pas de même pour les minarets.

Malaise dans les rangs de l'UMP. Lundi, le patron des députés UMP, Jean-François Copé, tente de calmer le jeu au micro de France Info : "Il ne faut pas en faire un débat national. C'est la pire manière de recréer de l'amalgame, de la stigmatisation." Le message est entendu. Xavier Bertrand met de l'eau dans son vin et estime désormais que "ce débat n'a pas sa place en France". "Est-ce que la question nous est posée en France concernant les minarets ? Bien sûr que non", déclare-t-il sur Radio Classique.

MINARET, IDENTITÉ...

Il est une nouvelle fois désavoué par Frédéric Lefebvre, qui estime, sur le site de l'UMP, que le "débat sur l'identité nationale était le lieu idéal" pour évoquer ce sujet et qu'il ne fallait pas "avoir peur d'en parler". Brice Hortefeux a-t-il peur ? Toujours est-il que le ministre de l'intérieur, pourtant en charge des cultes, s'est bien gardé de se prononcer. Nicolas Sarkozy a, pour sa part, décidé d'évoquer le sujet, mercredi, à l'Elysée avec des députés UMP. "Il nous a dit que c'était l'illustration que les gens, en Suisse comme en France, ne veulent pas que leur pays change, qu'il soit dénaturé. Ils veulent garder leur identité", rapporte un participant.

"Identité" ? Sur le site Internet consacré au débat sur l'identité nationale, les Français n'ont pas attendu l'aval du gouvernement pour répondre à cette question qu'on ne leur posait pas. Le site est littéralement envahi de références au vote suisse. Un constat cruel pour son initiateur Eric Besson, pour qui le débat sur les minarets n'a pas lieu d'être : "Pour ce qui concerne la France, j'aimerais beaucoup qu'on évite ce type de débat..." Raté.

Petit florilège de ce qu'on peut lire sur Debatidentitenationale.fr : "Pour moi, l'image type de l'identité nationale française, c'est un village surmonté d'un clocher d'église, mais en aucun cas surmonté d'un minaret", écrit un internaute. "A quand un référendum populaire pour que les vrais Français puissent contribuer à une vraie France ?" demande un autre. Etre français, "c'est défendre son identité comme le font les Suisses en refusant le suicide de la nation provoqué par une immigration qui ne veut pas s'intégrer mais veut nous imposer ses mœurs", estime un troisième.

DÉCOMPLEXÉE

Ailleurs, sur son blog, un élu UMP de Brest donne son avis dans un post intitulé "Les minarets en Suisse... c'est non... et chez nous... à Barbès". Il s'offusque, vidéo à l'appui, du fait que le "boulevard Barbès est toujours occupé chaque vendredi par les musulmans, qui confisquent les trottoirs, forçant les piétons à marcher sur la chaussée". Après la droite embarrassée, la droite décomplexée. André Valentin, maire UMP de la commune de Gussainville, est interrogé par le JT de France 2 sur l'opportunité d'organiser le débat sur l'identité nationale : "Il est temps qu'on réagisse, on va se faire bouffer". "Par qui ?" lui demande un journaliste. "Y en a déjà 10 millions", "10 millions que l'on paye à rien foutre"...

Quant à Christine Boutin, elle résume d'une formule son avis sur la question : "Les minarets symbolisent les terres d'islam, et la France n'est pas une terre d'islam." "La généralisation de la construction de minarets laisserait penser que la France cesse de défendre ses valeurs et son histoire", estime-t-elle dans un communiqué.
Plusieurs sites Internet de presse ont interrogé leurs lecteurs. Ces "sondages" n'ont évidemment rien de scientifique, mais le succès qu'ils ont rencontré illustre la passion qui entoure cette question. Sur Le Figaro, 73 % des 49 000 votants se prononcent contre la construction de minarets en France. Le chiffre atteint même 86 % sur le site de L'Express (plus de 19 000 participants). Les Suisses s'étaient prononcés – dans des circonstances différentes – à 57,7 % contre de nouveaux minarets.

La contagion du vote suisse ne s'est pas arrêtée à l'Hexagone. Les mêmes "sondages" organisés par des sites d'information en Espagne ou en Allemagne donnent des scores comparables. Sur le site d'El Mundo, on découvre ainsi que 80 % des lecteurs ayant répondu à la question sont d'accord avec les Suisses. Quant aux lecteurs de Die Welt, ils sont 86 % à refuser la construction de nouveaux minarets en Allemagne.
Soren Seelow

IL FAUT REGARDER LA RÉALITÉ EN FACE, LA FRANCE NE FAIT PAS EXCEPTION.

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