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mercredi 24 septembre 2014

Le programme européen sur l’emploi des jeunes sévèrement mis en doute



Les eurodéputés s’étonnent des lenteurs technocratiques qui conduisent à retarder le déploiement de 6 milliards d’euros en direction des jeunes chômeurs. Les États et la Commission européenne sont pointés du doigt.
Le chômage des jeunes devait être une cause commune capable de fédérer les 28 États. Il devient une nouvelle occasion de jeter l’opprobre sur une Europe qui, décidément, trébucherait à chaque pas. Même la date d’un sommet européen consacré à ce thème devient source d’interrogations.
Dès le début de la semaine, la rumeur courait sur l’ajournement de la rencontre des chefs d’Etat à Milan le 6 octobre. Le 17 septembre, la présidence italienne a confirmé ce report, après l’annulation -encore une- d’un autre sommet sur les jeunes prévu une première à fois à Turin, en juillet.
« C’est une plaisanterie de mauvais goût », s’étrangle l’eurodéputé catalan Ernest Urtasun, pointant l’urgence d’agir pour les 5,3 millions de jeunes chômeurs européens.
Lente, technocratique, sous-financée…. la mise en œuvre de « l’initiative européenne pour l’emploi des jeunes » (IEJ) prête le flanc à toutes les critiques.
« C’est une goutte d’eau dans l’océan. Je ne comprends pas que le Parlement européen joue le jeu de cette hypocrisie », a déploré l’eurodéputée Kostadinka Kuneva (Gauche unitaire européenne), présente à la plénière du 17 septembre à Strasbourg.
Depuis que les ministres européens du Travail se sont accordés sur le programme en février 2013, 6 milliards d’euros peuvent être déployés dans les 20 pays de l’UE affichant un taux de chômage juvénile supérieur à 25 %.
Fin 2013, les États ont envoyé leurs plans d’action à Bruxelles, afin d’informer la Commission européenne des mesures qu’ils comptaient financer via les fonds de l’UE. Neuf mois plus tard, le bilan est plutôt maigre. Seules la France et l’Italie ont pu bénéficier des premiers versements, correspondant en fait à des avances de paiement infimes, de l’ordre de 1 % du montant de leur enveloppe. 4,3 millions d’euros ont ainsi été alloués à l’Hexagone en juin dernier au profit de mesures nationales.
La Délégation générale à l’emploi et la formation profesionnelle (DGEFP) cherche désormais à rehausser la part de ces préfinancements, ce qui nécessite d’engager des discussions avec la Commission européenne, attachée au respect des procédures.
La lenteur qui pèse sur le décaissement ne peut que contredire la volonté initiale des chefs d’Etat, qui promettaient une action forte et rapide en direction des jeunes.
Mais la complexité se reflète aussi dans les procédures nationales. La France a en effet opté pour une répartition ambiguë des tâches, où l’État disposera d’environ 65 % des 620 millions d’euros disponibles, contre 35 % pour les Conseils régionaux.

Un laborieux passage en phase opérationnelle

Les actions menées par l’État (repérage des décrocheurs, Pôle emploi, garantie jeunes…) ont été déclinées dans un « programme opérationnel » indépendant de la politique de cohésion et entériné au printemps par la Commission européenne, ce qui a permis le déblocage des premiers fonds.
Les Régions, de leur côté, attendent toujours le feu vert de Bruxelles, qui devrait intervenir cet automne, l’étape préalable de l’adoption de l’accord de partenariat(document qui répertorie les priorités d’investissement des fonds régionaux européens en France, ndlr) ayant été franchie le 8 août.
Les domaines d’actions visés sont assez concrets. L’Aquitaine a par exemple prévu d’affecter son enveloppe de 25 millions d’euros (10 millions de FSE, 10 millions de l’IEJ et 5 millions de la Région) à l’apprentissage, aux écoles de la deuxième chance, ou encore à des actions incitant les jeunes à créer leur entreprise.
Un passage en phase opérationnelle qui tarde à venir… « Nous ne sommes plus au temps de décrire la situation. Les politiques sont votées, il faut maintenant les mettre en œuvre », s’agace l’eurodéputée UMP Elisabeth Morin-Chartier.
Axé sur la nécessité de fournir une proposition d’embauche, de stage, de formation ou d’apprentissage dans les quatre mois après la fin du cursus scolaire, le programme européen a vocation à rendre les services publics de l’emploi plus réactifs.
Les États jouent-ils vraiment le jeu de cette « réforme structurelle » ? Certains en doutent. À en croire l’écologiste catalan Ernest Urtasun, les fonds européens créent un effet d’aubaine pour les entreprises, qui en deviennent les « réceptacles », sans que le système de formation espagnol n’ait été réformé.
« Il faut que la Commission européenne soit sérieuse dans l’évaluation de ce qui a été fait », acquiesce l’eurodéputé socialiste Guillaume Balas.
De son côté, la Commission promet de récolter précisément, d’ici la fin de l’année, le nombre de jeunes aidés dans le cadre de l’initiative européenne, et les mesures d’accompagnement financées. Une promesse quelque peu artificielle, puisqu’aucun montant substantiel de fonds européens ne sera alloué d’ici là. Il faudra sans doute attendre début 2015…

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