TOUT EST DIT

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samedi 31 mai 2014

Interprétation personnelle d’un phénomène

Interprétation personnelle d’un phénomène


Nous vivons une époque où le débat d’idées est mal vu . Ce que je vais écrire ci-dessous est une vision des choses toute personnelle, inverse du matraquage médiatique quotidien. Elle va me valoir, j’en suis conscient, des commentaires furieux et des insultes  en tout genre. Présentant mes excuses à toute personne que mes propos vont choquer ou agacer, il me semble honnête de livrer le fond de ma pensée sur cette question, au titre d’une infime contribution à la liberté d’expression. Voici un essai de raisonnement en 4 points, qui vaut ce qu’il vaut, mais traduit en profondeur ma vision des choses.
  1. La période se caractérise par la montée, dans la population française, d’un dégoût vertigineux de la classe dirigeante. La France "d’en bas" ne supporte plus la France "d’en haut". 77% des Français éprouvent soit du dégoût soit de la méfiance envers la politique selon le sondage CEVIPOL de janvier 2014. La violence de ce sentiment s’exlique par la conjonction de nombreux facteurs: l’incapacité du pouvoir politique, depuis au moins trois décennies, à régler les difficultés des Français (chômage, insécurité); sentiment de mépris lié aux promesses non tenues, mensonges, trucages et dissimulations; succession interminables des scandales; ordre idéologique grossièrement imposé par le monde médiatique (sur l’Europe, l’immigration, par exemple).
  2. Dans ce contexte de rejet viscéral des élites politiques et médiatiques, le score du parti protestataire, le fn, dont l’avantage essentiel est de n’avoir jamais été associé au pouvoir, paraît étrangement faible. Logiquement, dans une telle situation de dégoût généralisé, ce n’est pas 10% des électeurs inscrits  (4 millions d’électeurs sur 43,1 millions d’inscrits) chiffre en forte baisse par rapport à 2012 – que devrait atteindre aux élections du Parlement européen un parti protestataire surexposé médiatiquement, mais bien 40 ou 50%!
  3. Le mouvement créé par Jean-Marie le Pen garde en réalité une image de repoussoir dans 70 à 80% de la population française. Le monde médiatique et la presse paraissent totalement envoûtés par le fn qui accapare 80% des commentaires et se gargarisent de sa "dédiabolisation" (voir notamment le Monde). Est-ce vraiment le sujet? Chacun, en dehors de quelques illuminés, sait que son programme n’a rien de "fasciste" (suspension de la démocratie et des libertés), simplement parce que le fascisme, comme le marxisme-léninisme est une idéologie d’une autre époque que plus personne ne soutient. Toutefois, le fn n’est pas aimé par l’immense majorité des Français qui excluent de voter un jour pour lui, pour des raisons multiples: le souvenir des provocations verbales, notamment liées à la deuxième guerre mondiale; le mélange de la politique et de la famille, dont les Français ont horreur; le caractère démagogique des propositions (retour à la retraite à 60 ans); la personnalité de son leader (jugée "agressive" par 71% des Français selon BVA Parisien).
  4. L’existence d’un puissant fn est désormais la clé de voûte du système politique français. Il joue un rôle inespéré de glaciation de la vie publique. Son ancrage désormais profond aboutit à rendre taboues les grandes questions qui hantent la société française. Tout individu qui remet en cause les piliers de la France officielle, les institutions bruxelloises, l’euro, la montée de la violence et des communautarismes, par exemple, est comme par une sorte de réflexe de Pavlov de la France d’un haut, lepénisé, assimilé aux "idées du fn". Or, le lepénisme a toujours et plus que jamais un visage honteux pour les élites politiques et médiatiques qui ne peuvent supporter d’être ainsi amalgamées à ce mouvement. Afin d’éviter ce risque, à l’exception de quelques véritables héros comme Alain Finkielkraut, on choisit de se taire et d’enterrer ses convictions. La présence médiatique écrasante du parti (contre laquelle le CSA a été obligé de protester) bloque toute perspective d’ouverture d’un libre débat de société et d’émergence de nouveaux courants de pensée et d’action qui seraient l’expression politique du grand dégoût actuel de l’immense majorité des Français; elle paralyse l’imagination et la créativité, permet de museler l’intelligence et l’audace, d’imposer une véritable dictature de la pensée unique, et ainsi de perpétuer une réalité politique, un système de partis que les Français ne supportent plus. Je ressens l’existence du fn, puissant mais très marginal dans son potentiel d’expansion, comme la digue ultime qui retient une grande vague prête à déferler et à tout chambouler.

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