samedi 15 mars 2014
Une semaine de tumultes autour des écoutes de Nicolas Sarkozy
La semaine écoulée de tumultes autour des écoutes de Nicolas Sarkozy, dont le pouvoir socialiste sort tout autant fragilisé que l'UMP, risque fort de favoriser l'abstention aux municipales d'un électorat déboussolé et las des politiques.
Cette séquence aux rebondissements journaliers ne va pas manquer non plus d'accentuer les rumeurs de remaniement gouvernemental après le scrutin municipal, rendu d'autant plus nécessaire que l'exécutif se prépare, pour le printemps, à des réformes cardinales du quinquennat: le Pacte de responsabilité aux entreprises et un programme d'économies de 50 milliards d'euros d'ici à 2017.
Les événements des derniers jours "contribuent à une atmosphère assez délétère et à un rejet des élites politiques en général et en particulier du PS et de l'UMP. Cela va plutôt contribuer à une abstention élevée et peut-être à un vote un peu protestataire, à gauche mais surtout à droite", estime Eddy Fougier, de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).
Pour cet expert, le Front national pourrait profiter de ce désaveu mais pas seulement: l'affaire des écoutes de l'ancien président peut constituer, selon lui, un "élément de motivation pour les électeurs UMP qui peuvent avoir l'impression qu'on cherche à avoir la peau de Nicolas Sarkozy d'une manière ou d'une autre".
"Il y a une forme de réprobation générale face au monde politique", constate, désabusé, un député socialiste, qualifiant le scrutin qui s'approche d'"insaisissable". "On ne se fait pas engueuler, on n'est pas mal accueillis. Visiblement, c'est l'enjeu local qui domine très largement l'élection. L'abstention est à redouter, mais pas que pour nous", poursuit le même.
"L'idée d'un vote sanction (profitant à la droite) n'accroche pas", analyse un autre parlementaire qui prévoit toutefois, lui aussi, "une grosse abstention".
Le pays vit depuis une quinzaine de jours au rythme des affaires. La première semaine a été très lourde pour l'UMP, entre les accusations de surfacturation de services au détriment des finances de l'UMP, les enregistrements clandestins de Patrick Buisson, et enfin la révélation d'écoutes judiciaires visant Nicolas Sarkozy.
Mais la deuxième semaine, ce fut au tour de l'exécutif de subir la bourrasque, pour s'être enferré dans des déclarations contradictoires après les attaques de Jean-François Copé accusant Christiane Taubira d'avoir "menti" sur ces écoutes. Jeudi la garde des Sceaux a admis s'être "trompée de dates" en affirmant, dans un premier temps, n'avoir appris que par la presse le placement sur écoutes de l'ancien président.
- 'Enorme gâchis pour la gauche' -
"Aucune instruction individuelle n'a été donnée par l'exécutif, donc par la garde des Sceaux. Il n'y a pas de raison de jeter le soupçon sur l'institution judiciaire, ni d'inventer quelque procès politique que ce soit", a martelé vendredi dans Les Echos Jean-Marc Ayrault, en cherchant à clore la polémique.
L'exécutif répète à l'envi qu'il respecte scrupuleusement l'indépendance de la justice et que son bilan depuis mai 2012 dans ce domaine parle pour lui.
Il n'empêche que l'amertume est grande aujourd'hui dans la majorité après cette tempête politico-médiatique, plusieurs considérant qu'ils n'ont pas su mettre à leur profit les affaires impliquant l'opposition.
"La droite était embourbée de chez embourbée (avec les trois affaires de la semaine dernière) et il se passe ce qui se passe là (les accusations de l'opposition). Mais on croit rêver!" enrageait récemment un ministre. C'est un "énorme gâchis pour la gauche, qui aurait dû sortir grande victorieuse" de toute cette histoire, se désole un parlementaire socialiste.
"Le gouvernement a été trop sur la défensive cette semaine", constate pour sa part un parlementaire écologiste.
Jean-Marc Ayrault s'est déclaré "favorable" dès le début du mois à un gouvernement resserré, relançant par la même les rumeurs d'un remaniement.
Il existe dans le pays "un besoin d'être rassuré et un besoin de compétences. D'autant plus que l'exécutif n'est plus audible", commente un député socialiste. Selon lui, "plus la gauche sera en difficulté (aux municipales), plus il faudra un remaniement fort".
Un autre parlementaire envisage le maintien de Jean-Marc Ayrault avec un remaniement destiné à "donner de l'oxygène et de l'autorité à l'ensemble du couple exécutif", en cette période de réformes d'envergure à venir.
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