samedi 15 mars 2014
Escabeau et escalade
Escabeau et escalade
Admettons qu'il ne soit pas forcément très opportun de railler l'Europe en ce moment. Surtout à un peu plus de deux mois d'élections où l'euroscepticisme risque de se traduire par une abstention massive. Il faudrait donc défendre l'Europe, si nécessaire à la préservation d'un idéal de paix et à la construction d'un grand ensemble économique et social. Seulement voilà, l'Union européenne n'est pas toujours là où on l'attend. En pleine crise ukrainienne, on aurait aimé des mesures « anti-escalade » militaire. Et voilà qu'on ne parle que de la directive « anti-escabeau » interdisant aux jeunes de 16 à 18 ans de travailler en hauteur chez les arboriculteurs.
On croit rêver. Et pendant ce temps-là, l'Union européenne, incapable d'agir préventivement et collectivement, a laissé Vladimir Poutine annexer la Crimée en toute illégalité. On ira jusqu'à dire que l'Europe, par son impréparation dans la gestion du dossier de rapprochement avec l'Ukraine, lui a même tendu la perche. Dramatiquement, le conflit a démontré que Poutine était prêt à tout, quand l'UE n'était décidée à rien.
Les Européens et les Américains ont toujours eu un temps de retard sur Poutine qui n'a cessé d'avancer ses pions (et surtout ses soldats) pendant que nos diplomates palabraient. Le maître du Kremlin a donc remporté, sans combattre, une guerre que personne ne voulait faire. Le référendum d'autodétermination de dimanche en Crimée va entériner la piteuse faillite diplomatique occidentale.
Il ne sert à rien d'ironiser en soulignant, comme l'a fait Fabius, que les électeurs n'auront que le choix entre le oui… et le oui. La partition de l'Ukraine ne fait plus de doute sans que l'on en connaisse vraiment les conséquences. Poutine assouvit un rêve de grandeur retrouvée non dépourvue de risques. Quant à l'UE, délaissant ses problèmes d'escabeaux, il ne lui reste, dans sa si laborieuse riposte graduée, qu'à dissuader Poutine d'aller plus loin dans la déstabilisation de la partie orientale de l'Ukraine. Et d'éviter une conflagration à… grande échelle.
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