TOUT EST DIT

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samedi 15 mars 2014

Lynchage

Lynchage


Les insultes tombent de nouveau comme des coups de bâton sur l’ancien président Nicolas Sarkozy: "pervers, voyou, dealer…" Quand j’étais conseiller à l’Elysée et qu’il était  quotidiennement traîné dans la boue, je pensais que ce lynchage faisait partie du jeu démocratique: il était chef de l’Etat et subissait une stratégie destinée à l’affaiblir et à le faire tomber. Je croyais alors que ce phénomène cesserait logiquement, une fois qu’il aurait quitté le pouvoir. Aujourd’hui, je réalise à quel point je me suis trompé. Cette nouvelle avalanche de haine correspond-elle à une réaction de peur face à la perspective de le voir "revenir", comme on dit en langage médiatique? Rien de moins sûr car ils s’y prendraient alors autrement que par l’insulte: ils ne sont quand même pas assez stupides pour penser que leurs crachats sont de nature à bloquer une éventuelle, hypothétique élection dans 3 ans. Cette chasse à l’homme est d’autant plus sidérante que NS garde un quasi-silence politique, donnant lieu chaque jours à des montagnes de commentaires comme si son personnage manquait au paysage politico-médiatique. Non, l’antisarkozysme n’est pas un phénomène conjoncturel, lié à un contexte politique, mais quelque chose de plus profond. Dès lors, il me semble qu’ il faut en chercher l’explication dans les profondeurs de l’imaginaire collectif des milieux d’influence et cercles dirigeants. "Dans le mécanisme fondateur, c’est contre la victime et autour d’elle que s’effectue la réconciliation… La thèse du lynchage fondateur affleure partout" écrit René Girard dans Les choses cachées depuis la fondation du monde. Un groupe humain, en l’occurence celui de la classe politico-médiatique française, dans les périodes de grande souffrance et d’échec, a besoin d’un bouc émissaire à lyncher auquel attribuer ses malheurs et sur lequel cogner. Jadis, cela se traduisait par le discours criminel d’un Drumont repris d’écho en écho par les "élites" de l’époque, de droite comme de gauche. Le même lynchage se produit aujourd’hui sous une autre forme, personnalisée, individualisée. Et la victime en est toute trouvée.

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