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lundi 10 février 2014
Moscovici prône plus d'intégration face aux Eurosceptiques
La percée annoncée des partis "eurosceptiques" aux élections européennes du printemps ne doit pas décourager les pays de la zone euro de se lancer dans des projets d'intégration encore plus ambitieux comme se doter d'un budget commun, a déclaré Pierre Moscovici.
"La montée des partis eurosceptiques ne doit pas constituer un frein à l'intégration et la construction de la zone euro", a dit le ministre français de l'Economie et des Finances dans une interview à Reuters.
"La zone euro doit être plus intégrée, la zone euro doit être plus forte pour que l'adhésion des citoyens à ce qui est leur monnaie unique se renforce encore. C'est le moment d'accélérer", a-t-il ajouté.
Européen convaincu de longue date, Pierre Moscovici défend l'idée de doter la zone euro d'un budget propre qui lui permette d'intervenir en cas de panne de croissance, en finançant par exemple les indemnités chômage.
"Il pourrait être, pourquoi pas, alimenté par une partie du produit de la taxe sur les transactions financières" actuellement envisagée par onze pays européens. Pierre Moscovici dit avoir évoqué le sujet avec ses homologues allemands Sigmar Gabriel et Wolfgang Schaüble lors de leur récente visite à Paris.
Si Berlin a refusé jusqu'ici tout transfert de recettes fiscales vers le niveau communautaire, la chancelière Angela Merkel a accepté le principe d'un "fonds de solidarité", mais avec une capacité limitée, qui viendrait en aide aux pays en difficulté s'ils s'engagent à mener des réformes économiques structurelles.
PAS DE NOUVEAU TRAITÉ
Il est tout aussi important, selon Pierre Moscovici, que la gouvernance de la zone euro s'améliore. La France plaide pour cela en faveur d'un président permanent de l'Eurogroupe, couplé - ou non - avec la fonction de commissaire européen chargé des questions économiques ou monétaires.
A la question de savoir si ce poste pourrait l'intéresser, il a répondu qu'il n'était "pas candidat à d'autres fonctions" que les siennes, pour ajouter cependant : "C'est un très beau poste par ailleurs."
Malgré les grandes ambitions qu'il affiche pour la monnaie unique, le ministre français estime qu'il n'y a pas d'urgence à modifier les traités européens comme le souhaitent les Allemands si une nouvelle étape de l'intégration européenne devait être franchie.
L'exercice serait délicat pour nombre de pays qui devraient recourir à des référendums aux résultats incertains, dans l'environnement actuel, pour ratifier un nouveau traité.
"Chacun je crois préfère aujourd'hui travailler à traité constant", a dit Pierre Moscovici.
"Nos amis allemands n'ont jamais dit que les euro bonds (émis en commun) étaient exclus, mais que c'était le résultat d'un processus et alors à ce moment-là un traité pourrait être justifié. La modification des traités ne peut pas être un préalable."
Dans l'immédiat, la principale préoccupation des gouvernements européens est de faire émerger le projet d'Union bancaire qu'ils ont négocié à grand peine fin 2013 pour rétablir la confiance dans leurs établissements financiers.
CROISSANCE AU-DESSUS DE LA MOYENNE
Leurs espoirs de le voir voté par le Parlement européen avant la fin de sa mandature se heurtent pour l'instant à de vives réticences des élus, notamment sur les modalités retenues pour la restructuration et la fermeture des banques en difficulté.
Le texte soumis au Parlement "a été extraordinairement difficile à construire, il a fallu tenir compte des lignes rouges des uns et des autres, notamment de nos partenaires et amis allemands", a rappelé Pierre Moscovici.
Pour ces raisons, s'il se déclare prêt à faire preuve de "flexibilité", celle-ci doit être, selon lui, "dosée".
"Il est clair que ce serait extrêmement compliqué de remettre en cause la totalité ou l'essentiel de l'accord" conclu par les ministres des Finances de l'Union européenne.
"Nous avons tout fait pour que les décisions soient prises pendant la mandature du présent Parlement. Ce serait une faute collective que de ne pas y parvenir."
S'agissant de la France, Pierre Moscovici espère que le pacte de responsabilité proposé par François Hollande, qui repose sur des baisses de charges pour les entreprises en échange d'engagements sur l'investissement et l'emploi, aura un impact positif sur la croissance dès cette année.
"J'espère que dès 2014, les anticipations des agents, notamment la volonté d'investissement des entrepreneurs, seront plus fortes et donc de nature à nous permettre d'aller au-delà des 0,9 % de croissance" prévu par le gouvernement dans le budget, a-t-il dit.
"Notre ambition est que l'économie française sorte de cette croissance dans la moyenne de la zone euro. La France n'a pas vocation à être un pays moyen de la zone euro, la France a vocation à être un pays leader, elle en a la capacité".
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